Paul et la religion
PAUL ET LA RELIGION.
Paul fait partie de ces juifs religieux « un peu mais pas trop ».
Bien peu pharisien, il ne s’embarrasse jamais des détails contraignants dans la pratique religieuse du judaïsme. Quand, au cimetière, il n’y a pas le « ménien », les dix officiants mâles nécessaires pour réciter les prières rituelles, Paul compte aussi les femmes, les enfants et au besoin, les arbres, les oiseaux !
Mais il continue à téléphoner d’Israël tous les Vendredi pour nous souhaiter Shabbat Chalom et avant chaque fête religieuse de crainte que j’oublie la célébration. Il est l’œil de ma conscience religieuse !
Sa nostalgie de la France est aussi d’un gourmet qui passe outre les interdits : ah ! le sandwich jambon beurre ! l’huitre arrosée d’un Gewurztraminer! Le roquefort accompagné de confiture d’abricot !
Paul a toujours été impulsif et impatient, taquin et effronté comme le garnement impertinent très gâté qu’il fut.
J’ai déjà raconté comment il s’est comporté avec grand-père qui se croyait mourant. Mais il y a aussi la « scène des visions » et celle « des bananes ».
Un jour, au tout début des années 1950, en Israël, au volant de sa Peugeot 203, sur des routes à peine praticables, mal signalées, empierrées, ensablées, sous un soleil torride, il accompagnait grand-père pour un pèlerinage, entre Tibériade et Safed, sur le tombeau d’un Sage, Isaac Louria* (1534-1572) rabbin et kabbaliste, considéré comme le penseur le plus profond de la mystique juive.
A l’arrêt, il s’éloigna. A grand-père qui s’étonnait de son absence prolongée, Paul répondit qu’il s’était absorbé dans une vision miraculeuse : le tsimsoum**, les « sefirot » : les vases brisés de la lumière divine, Illuminations, 7ème ciel, char en feu... Toute la lyre quoi !
Grand-père haussa les épaules. Alors Paul, pointant du doigt le tombeau, lui dit : « Alors, lui, tu le crois quand il raconte tout ça, tu me fais venir jusqu’ici avec cette chaleur et moi tu ne me crois pas!
"les Séfirot" les vases brisés de la lumière divine |
Le tombeau du Sage
* Isaac Louria, mort à 38 ans d’une épidémie qui frappa la région de Safed, est l’auteur du « Livre des Visions » « Sefer ha Hetionot » rédigé par un de ses disciples d’après son enseignement. Comme Socrate et Platon !
** « tsimsoum »du « en sof » : « contraction de l’infini » en hébreu, dans la kabbale, le processus primordial qui est à l’origine des mondes
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