Jadis Kar chara

  

Chez mes grands-parents Melki

           Constantine « Kar Chara » le quartier juif années 40-50.

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Constantine . Photo prise depuis le Pont de Sidi Rached en 2014.

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Photo prise depuis le Pont d'El Kantara un petit matin brumeux de Mars 2014.

A Constantine, la « Jérusalem de l’Est », l’autre étant Tlemcen, les Juifs évacués de la place Sidi El-kitani, par souci d’urbanisme, avaient été rassemblés et parqués au XVIIIème siècle dans un espace qui venait buter contre le ravin sur la rive gauche du Rhumel par ordre du bey Salah (1771-1792) : le quartier au bord du gouffre dit « Kar Chara » le bas ou le cul de la ville.
Dans les années 1940-1950, les Juifs constantinois (12.000 en tout en 1941) vivaient encore en très grand nombre à « Kar Chara ». Tous ont quitté la ville pour un exode définitif.


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Pont de sidi Rached toujours dans cette tenace brume de printemps et au 1er plan devant, le mausolée de Sidi Rached avec son minaret sur la pointe du rocher.
 
 Dans la boucle du Rhumel entre le Pont de Sidi Rached et le Pont de Sidi M’Cid vivaient trois communautés distinctes, les Juifs, les Arabes et les Européens. Mais les frontières n’étaient ni nettes ni étanches au XXème siècle.
Du quartier Juif on entendait les Cloches de la Cathédrale, les appels à la prière des muezzins sur leurs minarets blancs, le canon du Ramadan et même les cigognes qui claquettaient sur les toits aux tuiles rouges des maisons du quartier arabe.

Dès les années 1920, la population européenne et une large frange de la population juive quittaient la vieille ville sur son piton rocheux enserré sur trois côtés dans une boucle du Rhumel pour essaimer vers les faubourgs qui se développèrent : au sud-ouest, la butte du Koudiat-aty arasée, le quartier St Jean, plus à l’ouest Bellevue, au nord El Kantara, au nord-est le faubourg Lamy et deux quartiers de Sidi Mabrouk vers le plateau du Mansourah.

Les rues pavées Vieux et Grand, aux noms d’une graphie ancienne au charme désuet, étaient au centre du quartier juif d’origine.
La vieille ville juive formait un enchevêtrement de petites rues étroites avec des maisons mauresques à encorbellements qui rétrécissaient et assombrissaient encore l’espace et de places : « Place des Galettes » « Place Négrier » (marché d'esclaves de l'Afrique subsaharienne à l'époque ottomane ou plutôt Général Oscar Négrier ?).

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La plaque de la rue Grand, aujourd'hui 2014 en ruines.
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   Extrémité de la rue grand en 2014.
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Les  photos ont été prises en Mars 2014.

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La rue vieux 2La rue vieux
La rue Vieux a été la 1ère "rue", l’artère principale avant d’avoir été en partie débaptisée.  Elle apparaît sur les plans de 1888, 1895 etc… et pas encore la rue Grand, "grande" relativement aux autres venelles enchevêtrées qui ne méritaient pas le nom de "rue" et auxquelles on ne donnait même pas de nom
.
 Les deux images ci-contre de la rue Vieux datent probablement du XIXème siècle ou du tout début du XXème parce que si on trouvait encore de vieilles femmes juives en costume traditionnel avec la koufia à Constantine, on ne trouvait plus du tout d'hommes  avec sarouel et gilets à la mode ottomane -image de gauche-, ou avec des gandouras et burnous blancs comme les arabes sinon dans l'intimité -image de droite.

Les juifs les plus pauvres continuaient à vivre autour des rues Grand et Vieux dans de vieilles maisons du quartier juif d'origine sans fenêtres, ouvertes sur des cours communes, des familles le plus souvent très modestes. 
Une petite bourgeoisie émancipée  habitait les nouvelles constructions rue Thiers et rue de France ou de petites maisons dans les faubourgs d’El kantara, Sidi Mabrouk. Toujours près de leurs synagogues.


Le quartier fut agrandi, au début du XXème siècle, de nouvelles voies tracées. Des maisons d’habitation de type occidental, avec plusieurs étages et fenêtres ouvertes sur des balcons aux garde-fous en fer forgé, furent construites rue Thiers sur les contreforts du Rhumel, (Thiers*  en hommage au 1er Président de la IIIème République française après la chute du Second Empire en 1870, l'année du décret Crémieux) et rue de France.
Nous habitions dans la petite partie très pentue de la rue Thiers qui surplombait le Rhumel et les gorges, sous des arcades, au 4e étage du 44 rue Thiers qui communiqua, à cause de la déclivité et de la forme de la rue en épingle à cheveux, avec le 2ème étage du 36 rue Thiers, une fois des cloisons abattues, après la guerre et le retour des jeunes hommes.
 La rue de France menait à la ville européenne par la rue Caraman et la Place de la Brèche.

  En 1941, après l’abrogation du décret Crémieux, les Juifs n’appartenant plus à la « Nation française », les zélés  antisémites et anglophobes sectateurs de la « Révolution Nationale » de Vichy poussèrent leur mesquinerie haineuse  jusqu’à débaptiser la rue de France** qui devint pour un temps « rue d’Angleterre », ce pays étant, bien entendu, l’ennemi  de Mers-el-Kebir et le refuge de « l’Anti- France » après l’appel du 18 juin 1940.  La rue "de France" artère principale du quartier juif renvoyait à la récente citoyenneté française des juifs d'Algérie par le décret Crémieux en 1870. Le régime de Pétain abrogeait le décret Crémieux et dans la foulée le nom de la rue des juifs mis hors de France !
 Mais, peut-être, le sens du ridicule retrouvé – outre qu’il existait déjà un boulevard d’Angleterre et que tout cela était bien confus- le consensus se fit sur « rue du Lycée » moins « connoté » comme on aime dire aujourd’hui. Le grand Lycée de garçons, visible au bout de la rue Thiers sur la photo ci-dessous deviendra Lycée d’Aumale en 1942.
Pour les habitants, la rue resta « de France », du pays France dont on voulait les exclure, mais le vent de l’Histoire faisant tourner la grande roue du temps plus vite qu’une girouette, la rue s’appelle maintenant « rue du 19 juin 1965 » (coup d’Etat de Boumediene) après avoir été appelée, un temps aussi, rue du Sergent Atlan, soldat juif « mort pour la France ». Mais le vent de l’Histoire !

Pogrom du 5 Août 1934
Vu de constantine apres les emeutes du 5 8 1934?Depuis des siècles, selon le caprice du Prince et la veulerie des hommes, les juifs, toujours minoritaires, vivaient dans une paix bien relative ou étaient méprisés,(mépris atavique des arabes musulmans depuis des siècles associé à la dhimmitude des juifs) spoliés, humiliés, pourchassés, persécutés et massacrés comme lors du Pogrom arabe du 5 aout 1934 qui outre les saccages et pillages, fit 25 victimes juives dont 6 femmes et 5 enfants, 500 blessés, 325 magasins pillés, 4 immeubles incendiés, 30 appartements saccagés (cf ci-dessous le texte : massacre du 5 Août 1934 bien avant le " problème des implantations en Cisjordanie "occupée" puisqu'Israël n'existait pas ) ou lors des campagnes antisémites haineuses des Max Régis, Morinaud maire de Constantine à partir de 1901 pendant l’affaire Dreyfus et consorts qui défilaient dans le quartier juif durant les élections en hurlant : « mort aux juifs ! » ou « voter Bourceret , c’est voter juif ! » candidat représenté sur les affiches avec une chéchia rouge sur la tête.
 Ma tante Yolande née le 1er mai 1919 se souvient, enfant, avoir été terrorisée par leurs cris, s’être recroquevillée dans un coin du balcon au 3e étage, 2 rue Thiers, agrippée au garde-fou, le regard fixé sur la porte du Lycée de garçons au fond de la rue, apeurée, sûre de « voir arriver la mort » (sic) par là. (image extraite du journal l'Aurore).  


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 La rue Thiers inchangée en 2014 (autos exceptées mais il y avait déjà des embouteillages et coups de klaxon dans les années 1950) et, au fond de la rue, on aperçoit le Lycée de Garçons que Yolande terrorisée apercevait de son balcon du 3ème étage, 2 rue Thiers à gauche de la photo après les arcades de la grande synagogue du Midrach devenue un Centre Islamique avec une hampe prévue pour le drapeau algérien.

*Thiers: 1er Président de la IIIème République de 1870 après Sedan et la chute du Second Empire jusqu'au au 24 Mai 1873.

 ** Voilà ce que j'ai écrit en Mars 2014 après un voyage de retour à Constantine : "Direction rue de France, curieusement désignée ainsi encore par des habitants ! Autre paradoxe ! rue de France, rue Casanova, rue " Roll " ( Rouhault de Fleury) ne sont pas désignées autrement, à ma connaissance, par beaucoup ! La rue de France a tenu bon ! Elle a résisté à rue d'Angleterre, puis du Lycée sous Pétain, à rue du Sergent Atlan après la 2ème guerre mondiale et même à 19 Juin 1965 !  Un commerçant à qui je demandais le nouveau nom de la rue me répondit étonné de ma question : rue de France. Il faut reconnaître que 19 juin 1965 c'est moins facile à dire et à retenir !  Rue du coup d'Etat c'est mal porté ! Et Boumediene a mieux pour le célébrer ! L'aéroport international par exemple. Les édiles sont parfois en panne d'inspiration ! Donc la rue de France de mon enfance est toujours de France en 2014 !" de cette France mise pourtant dehors en 1962.

 Ma mère est née le 8 Mars 1913 au 79 rue Vieux, en plein quartier juif. La rue Vieux qui traversait à cette époque-là tout le quartier était une rue étroite et sombre mais moins que d’autres ruelles en réseaux, un vrai coupe gorge, la nuit, sans éclairage dans les années 1900-1910… Grand-père racontait comment, un soir, alors qu’il revenait d’une réunion d’études talmudiques, pris de panique, dans une obscurité d’encre, il a tiré en l’air. Il sortait donc armé d’un révolver. Son père, Haï Melki, était sergent de police, récompensé d’une médaille de bronze pour son dévouement lors d’une épidémie de typhus en 1893. « Actes de courage et de dévouement » dit le Livre d’or du dévouement. (J’en détiens une photocopie).

 La vie, outre l’extrême pauvreté, la promiscuité, l’insalubrité et la situation sanitaire, ne devait pas être sereine dans ces misérables venelles, au début du siècle. Le jeune couple partageait la vie des parents de mon grand-père, selon l’usage de l’époque, et mon grand-père empruntait, peut-être, un pistolet à son père lors de ses sorties nocturnes.
Au 79 rue Vieux naquirent aussi mes oncles Maurice le 14.2.1915, et Eugène le 2.6.1918 l’année de la mort du grand père Haï.

 Puis la famille s’installa, avec la grand’mère, née Radia Toubiana, au 2 rue Thiers, au 3e étage, dans un appartement moderne où sont nés Yolande le 1.5.1919, puis Georges le 10.5.1921, Mireille 28.9.1922 et Juliette 23.12.1923 qui décèdera le 31 mai 1928 après quelques jours de fièvre inexpliquée.
 A la naissance de Paul, le 11.10.1928 cet appartement fut cédé, avec tous ses meubles, à la jeune sœur de grand- père Bellara, épouse de Simon Zemmour, quand la famille acheta une petite villa « Les Glycines » au 2 avenue Guynemer, au faubourg d’El Kantara où habitait déjà un frère de ma grand-mère, Abraham Sultan.
Deux grands pas dans la promotion sociale, de la maison mauresque des vieux quartiers à un appartement aéré et salubre de style européen puis à la villa hors de Ka Chara. Hélas ! La crise de 1929 mit un terme provisoire à cette prospérité. La famille quitta Constantine pour Tlemcen et ne revint qu’au printemps 1935 heureusement après le pogrom du 5 Août 1934 dans leur quartier. Ils l'ont vécu de loin mais le traumatisme resta vivace durant toute mon enfance.

Les juifs n’étaient plus depuis 1870 des Judéo-arabes « Youd al Arab », "les juifs des arabes", jadis dhimmis, mais des citoyens français libres et ils en étaient fiers. Beaucoup renoncèrent complètement aux prénoms arabes, même dans l'intimité et, pour s'inscrire à l'Etat Civil, ils adoptèrent des prénoms Second Empire.
Ma grand’mère, Clara Valentine, née en 1890, avait le Certificat d’Etudes et abandonnait dès 1919 la tenue traditionnelle des juives de Constantine. Le désir d’assimilation des juifs était parfois poussé jusqu’à l’absurde. Ils ne disaient pas « Brit mila » ni même « Circoncision » mais « Baptême » (!), la « Bar-mitsva »  littéralement « Fils de la loi » qui consacre la majorité religieuse à 13 ans devenait « Communion » ! On disait "calotte", jamais "kippa", "pain juif " jamais " haloth ", "Pâque" jamais "pessah" etc... On était Français, on se devait de parler la langue du pays qui nous rendait notre dignité. On "traduisait" tout en français, l'arabe, langue vernaculaire ou dialectale, mais aussi l'hébreu langue sacrée ! Qu'en est-il du dialecte judéo–arabe ?.
. Par désir d’assimilation et  pour figurer sur les registres d’Etat Civil, les prénoms arabes étaient souvent traduits : Johar : Perle, Perlette ; Sultana : Reine, Reinette ; Chabba : Blanche ; Haloua : Douce ; Ouardia : Rose, prénoms courants chez les femmes juives en Algérie au début du XXème siècle. Mais que faire du mélodieux prénom arabe "Zarhi"? « ma chance » en français, Félicie, Félicité ou Fortunée ! Prénom très courant aussi chez les femmes juives mais qu'une malheureuse Fortunée Serfati, personnage emblématique des sketches du chansonnier humoriste Elie Kakou* né en Tunisie (1960-1999) mort prématurément, a définitivement ridiculisé.

« Kar Chara » était, quand je l’ai connu dans les années 1940, compte tenu des écarts de fortune et de condition chez les Juifs, un quartier de petites gens, souvent très pauvres. Boutiquiers modestes et humbles artisans. Beaucoup vivaient dans le dénuement surtout après la Promulgation du Statut des juifs, sous Pétain. Des familles entières dans une ou deux pièces comme celle du malheureux Joseph, l’employé du magasin de tissus de mon grand-père.
On trouvait encore, dans les vieilles ruelles, des maisons mauresques presque aveugles, ouvertes sur des « patios ». La cour intérieure était parfois, chez les plus pauvres, un lieu de vie collective.
 "Hum! ça sent bon ! " disait mon grand-père en arrivant dans la cour commune du 79 rue Vieux. Aussitôt, racontait- il, une voisine lui envoyait une assiette de sa préparation.
 Des hangars avec chevaux subsistaient au milieu des habitations. A côté de notre immeuble au 44 rue Thiers un grand hangar blanc avec une carriole pour transporter des marchandises (remplacé aujourd’hui, en 2014, par un transformateur électrique après avoir été parking)  mais aussi en face du 21 rue Grand une écurie avec une calèche à 2 places. Charette a foin et encorbellement D’où la carte postale que j’ai retenue pour ce texte avec charrette et foin pour les chevaux. C’était encore parfois la réalité et pas une image d’archives dans des rues qui dataient du XVIIIème siècle.
Souvent des hommes traînaient leur misère et désœuvrement sur les trottoirs devant les cafés de la rue de France. Il y avait, rue de France, 28 débits de boisson sur 127 à Constantine ! Rituel de l’anisette et kémia mais alcoolisme aussi !
Les petits trafics ne soulageaient pas la misère mais contribuaient à en envoyer certains sous les verrous comme, peut-être, l’aimable boiteux qu’on voyait reparaitre à son poste, appuyé au mur devant un café de la rue de France.
 
A la belle saison, sur le pas des maisons, de vieilles femmes en costume traditionnel assises sur des chaises basses, sur des tabourets paillés ou accroupies sur leurs talons, triaient des lentilles, des pois chiches, faisaient des « kawas », un tamis sur les genoux, bavardaient dans un arabe émaillé de mots français- ou l’inverse – ou écoutaient passer le temps en balançant nonchalamment leurs éventails multicolores en goum. Elles se relevaient péniblement en tapotant les plis de leurs longs jupons et gandouras pour les remettre en ordre, elles rajustaient leurs « koufias » et en traînant leurs babouches, de leur pesante démarche chaloupée, elles regagnaient leurs réchauds et kanouns.
L’été, elles ressortaient après dîner pour fuir la touffeur insupportable des appartements exigus, avec toute la jeunesse juive très européanisée et ne parlant que français qui rejoignait « Caraman » et « La Brèche ».
D’un même geste machinal, elles épongeaient sans cesse leur visage encombré de quelques mèches rougies au henné avec un mouchoir largement déployé qu’elles tiraient du creux de leurs seins lourds.
 Femmes juives accroupies?
Femmes très pauvres en costumes traditionnels avec la koufia  devant leurs portes. Celle de  gauche tient une gargoulette entre ses genoux.
Image ancienne XIX ou début XXème. Dans les années 1940-50 on ne trouvait plus de jeunes  habillées  comme la jeune femme à droite de l'image. Depuis 1870 et le décret Crémieux (voir le document ci-dessous) les juifs algériens étaient français.
L'assimilation à la France ( langue, vêtements, moeurs) des jeunes générations qui avaient fréquenté l'école publique obligatoire était déjà complète.


Beaucoup d’hommes étaient au chômage ou vivaient d’artisanat et de petit commerce. Dans les vieilles rues étroites, les locaux étaient parfois si petits et chargés de sacs, bocaux, boîtes etc… que le commerçant recevait le chaland devant sa boutique. Comme, rue Grand, l’énorme vendeur d’épices Shlomo surnommé « Bof » qui partageait sa vie avec sa vieille mère Radia et son chien. Assis à califourchon sur sa chaise paillée, sur le trottoir, il vous accueillait indifféremment d’un « bonjour » ou « El Kher » (matin de bonheur !) puis enveloppait sa marchandise dont il connaissait surtout les noms arabes dans des cornets en papier journal : melh : le sel, gasbour : la coriandre, kerwija : le carvi, kemmoun : cumin, djeldjlâne : sésame, hbag : basilic etc.
  
   Pot a lait Le marchand arabe de petit lait « l’ben » et de beurre salé fondu « smen », avait installé sa baratte devant sa porte et il l’activait sous nos yeux. Les clients attendaient la fin de l’opération, leur pot à lait en aluminium ou leurs bouteilles à capsule de porcelaine à la main. Encore un peu plus loin, on pénétrait  complètement dans le quartier arabe.
 Quartierarabe
 Au fond de l'image le minaret.
 Boucher arabe constantine avec haik noir 2
Femme vêtue de la mlaya noire constantinoise passe devant l'étal d'un boucher. Une toile de protection est tendue en guise d'auvent.
 Constantine boucher arabe 2Chez les bouchers, des mouches bleues obstinées bourdonnaient autour des yeux des têtes de moutons alignées sur les étals, des tréteaux en bois en plein air, et sur les quartiers d’agneaux suspendus à des esses sous l’auvent. Partout une odeur âcre de sang séché et de caniveaux mal drainés.
On n’osait pas trop s’aventurer, seules, par là-bas, avec ma tante Yolande, surtout après les massacres de 1934 à Constantine et de 1945 à Sétif. Je m’y suis rendue, quelques rares fois, avec elle, pour acheter du petit lait et, dans la foulée, à l’insu de grand père et en infraction avec les règles de la « Cacherout », d’excellentes petites côtelettes d’agneau. (Hallal !)

 Les rues, bruyantes, grouillaient de vie, sauf aux heures de grande chaleur, l’été, ou l’hiver, quand le froid très vif boursouflait d’engelures nos doigts gourds et rougis.
         Marchand de beignets
  La population du quartier était essentiellement juive mais les Arabes nombreux y tenaient boutique, marchands de beignets, de « zlabias », de « calentica », le préposé au four banal, le vendeur et loueur de livres d’occasion au sous-sol d’un immeuble,  rue de France,-j'y ai acheté en 1946 mon 1er énorme Gaffiot - presque tous les vendeurs de légumes aux marchés, les employés de magasins et aussi les mauresques en haïk noir "la mlaya", les jeunes filles kabyles, une serviette sur la tête tenue entre les dents, les petits cireurs, porteurs ou coursiers, les yaouleds effrontés.
Le commerce, comme la vie dans le quartier, suivait le calendrier des fêtes juives.

 Table de Roch Hachana

 Roch hachanaLes marchands arabes arrivaient avec des grenades, jujubes dorés et pommettes pour Roch Hachana, des poulets pour Kippour, des palmes, des roseaux, des cédrats, des branches de saule et de myrte pour le « loulav » et la cabane de loulab.gifSoukkot et, pour Pessah, des moutons sur pieds et des salades romaines dont les feuilles jonchaient les rues au petit matin. Considérée avec le cèleri, persil etc… comme une  « herbe amère » symbole de la misère des juifs esclaves en Egypte avant l’exode, la romaine était distribuée par l’officiant aux convives avec un morceau d’Harosset - délicieuse pâte de fruits, parfumée à la fleur d’oranger, constituée de dattes ou figues et fruits secs, symbole pourtant du mortier des carrières de pierre et des briqueteries de la souffrance – et quelques feuilles de romaine étaient balancées par la fenêtre au moment de la lecture de la Haggadah, « Le Récit »de la sortie d'Egypte, geste symbolique de liberté.    
   
              
Sous nos fenêtres, toute l’année, déambulaient marchands à la criée, rémouleurs et rétameurs, on réparait alors les casseroles trouées !, marchands de friperie avec leur paquet de vieilles hardes sur l’épaule, psalmodiant « …chan d’bi  », un i suraigu prolongé en point d’orgue mourait en échos dans les gorges du Rhumel. Ils achetaient et revendaient. J’ai vu, une fois, grand’mère, dans ces années de guerre, de gêne et de pénurie, marchander avec l’un d’entre eux et vendre des costumes.
  Des paysans arrivaient de leurs douars avec des œufs et des poulets attachés par les pattes, la tête en bas, le bec ouvert, l’œil rond et l’aile découragée. Les pauvres bêtes pendaient au bout d’une corde par deux ou trois sur chaque épaule du marchand. Pendant la guerre et le rationnement, cette pratique était interdite, condamnée comme "marché noir" et les vendeurs à la sauvette traqués par la police dissimulaient leurs poulets sous leurs burnous.
Grand’mère, de son œil très myope, mirait les œufs que l’homme, en soulevant les pans de son burnous de laine rêche, sortait un à un, comme un prestidigitateur. Parfois, la couvaison était entamée et nous avons même, un jour, trouvé dans un œuf sur le point d’éclore, un poussin.
Grand-mère soupesait, tâtait, palpait les volailles courroucées et ébouriffées pour vérifier qu’elles n’étaient ni malades, ni blessées, selon les préceptes du Lévitique. Puis commençait le marchandage, Joseph emportait ensuite les bêtes chez le « Shohet » rabbi Sion Choukroun, le rabbin sacrificateur pour l’abattage rituel. Le plumage, fait à la maison, à sec, libérait plumes et poux de poulet dans toute la cuisine.
  
A « Kar Chara » beaucoup d’enfants dépenaillés, la casquette ou le béret enfoncé jusqu’aux yeux, fréquentaient le Talmud Torah  dans les locaux de « l’Alliance Israélite Universelle » au rez-de-chaussée du 34 et 46 rue Thiers. Nous habitions au 36 et 44. On entendait, sous les arcades, les petits chanter à tue-tête leurs « parachot ». Braillements plus que Cantillation ! Ils préféraient, plutôt qu’ânonner Aleph, Beth… etc… faire « Talmud Torah buissonnière », jouer aux billes, aux noyaux, aux osselets, à la toupie, au « sou follet » le « s’follet » sur les trottoirs, dévaler la rue Thiers pentue, sous les arcades, sur leurs planches à roulettes bricolées ou s’égayer sur les pentes du ravin, une fois franchis les parapets. Mais le rabbin veillait et leur infligeait la « Falaka » coups de baguette sur la plante des pieds, en cas d’absences répétées et peu justifiées.
Le Jeudi et le Dimanche, jours où les enfants n’allaient pas à l’Ecole Publique obligatoire – sauf quand un décret les en a chassés pendant 2 ans- des Scouts Juifs leur distribuaient un plat chaud unique de lentilles ou de haricots aux merguez cuisiné par des bénévoles et un morceau de pain et du chocolat quand ils rentraient chez eux l’après-midi.
Pourim israel Pour « Pourim » des grappes d’enfants déguisés, les petites filles fardées comme Esther, la favorite du harem du roi perse Assuérus, allaient et venaient les bras chargés de pâtisseries aux couleurs de sucre et de miel que les familles échangeaient. Ils glanaient ainsi quelques petits sous avec lesquels ils jouaient aux dés, le jeu traditionnel de Pourim.
Le mot « Pourim » « sorts » fait allusion aux dés lancés par Aman, le ministre du roi perse Assuérus, pour déterminer le jour du massacre, qu’il avait programmé, du peuple juif dispersé dans les cent vingt-sept provinces de l’empire perse, lors de l’exil de Babylone.
Je ne peux m’empêcher de rappeler la phrase prêtée à Hitler : « Les juifs ne connaîtront pas un second Pourim ! ». C’est le sort ou Dieu qui en a décidé ! 

Pourim en Israël à l'hôpital
                                                           
                      
Pour Kippour, les enfants paradaient dans tout le quartier dans leurs vêtements neufs, avec, à la main, un coing piqué de clous de girofle ou un petit pain rond avec un œuf ou une noix retenus dessus par un croisillon de pâte. Dans un manège incessant, ils faisaient le tour des synagogues où, toute la longue journée de 25 heures de jeûne, priaient leurs pères, en bas, pendant qu’à l’étage les femmes papotaient un peu en attendant le chofar et la bénédiction finale.
C’était alors une joyeuse bousculade. Tous, jeunes et vieux, hommes et femmes, se retrouvaient sous le taleth, le châle de prière du chef de famille déployé comme une aile protectrice au-dessus des têtes. Puis un silence recueilli, solennel, rompu par le son de cor répété du « Chofar », la corne de bélier, comme, venu du fond des âges, un appel codé à Dieu. Et, à nouveau, brouhaha des prières avant les embrassades générales et la dispersion des fidèles. Une fois « les portes de la grâce ouvertes », lavés de tous leurs péchés, l’âme en paix, ils étaient prêts à enfin boire et manger.
Toute la vie du quartier s’organisait au rythme des fêtes juives et autour de trois pôles : le four banal,* le bain maure,* et la synagogue. En outre, les jeunes juifs rejoignaient toute la jeunesse mêlée, juifs et non juifs, pour « faire Caraman » et l’été, manger des « créponnés » sur la Place de la Brèche, ou s’installer à la terrasse des cafés ou du Casino, surtout après la guerre.

Le rejet, l’exclusion, depuis tant de siècles, avaient généré un puissant sentiment communautaire fait de solidarité, d’hospitalité, de charité, renforcé par les mariages endogames, on était tous plus ou moins « cousins » et même dans la gêne on se devait de pratiquer les « mitsvot ».
 J’ai raconté comment grand-père avait, sans hésiter, renoncé à l’argent du vélo de course de Georges qu’il venait de vendre, pour aider au mariage de deux jeunes filles nécessiteuses.
Une vieille femme aveugle, Ma Hnina, très dévote, seule dans une pièce très sombre de rez-de–chaussée d’une maison mauresque était aidée par des bonnes âmes de l’immeuble voisin, 21 rue Grand. Henriette, la femme de Paul, se souvient avoir nettoyé, à son tour, sur injonction de sa mère, la chambre de la malheureuse, pavée de grosses pierres irrégulières, éclairée à la seule bougie, et encombrée de veilleuses à huile pour le culte de ses morts.
Tous les vendredis, un pauvre homme venait chercher, avec un grand sac de jute sur le dos, du pain de maison préparé par grand-mère et cuit au four banal, du « pain juif » disions-nous, et quelques pièces de monnaie.
Il faisait ainsi sa tournée du quartier.
Enfants, nous nous précipitions pour accomplir cette « mitsva » (acte charitable) : l’un donnait les pièces, l’autre le pain, à tour de rôle.
Pour les fêtes, l’homme recevait, en outre, de la farine, du sucre et de l’huile, pour lui, pour les pauvres, et pour les porte- veilleuses en argent de la synagogue.
Pour Kippour, un poulet, pour la Pâque un paquet de galettes sucrées, des pains azymes et une bouteille de vin.
A la fin du mois d'un deuil, des familles organisaient chez elle, plus souvent à la synagogue, un couscous pour les pauvres, un "couscous du cœur". Les femmes transportaient les marmites et servaient une dizaine de pauvres, un minian, ou miniane, qui priaient puis mangeaient. Le minian est le quorum de dix hommes adultes nécessaire à la récitation des prières les plus importantes  de tout office ou de toute cérémonie, circoncision, mariage, deuil.
Et partout dans les commerces, de petits troncs pour nous inciter à l’aumône et aux dons.

  Aujourd’hui plus aucune trace de vie juive dans cette ville que mes coreligionnaires, beaucoup en Algérie d'origine berbère, ont commencé à quitter dès le milieu des années 1950 pour la France ou Israël – c’est le cas de ma famille Melki, Sultan, Sarbib, Assoun – après des millénaires de présence au Maghreb. Les bombes du 20 Août 1955, rue Caraman, au cinéma A.B.C. et la mort du neveu de Ferhat Abbas dans sa pharmacie, les grenades du 2 Mai 1957 ont convaincu beaucoup de juifs qui n’avaient pas oublié les pogroms de 1934 et les massacres de 1945, de la nécessité d’un départ. L’assassinat de « Cheikh Raymond », le musicien aimé et respecté de tous, le 22 juin 1961, déclencha l’exode. Après les Accords d’Evian du 19 Mars 1962, la communauté juive décida, le 27 Mai 1962, de quitter la ville. En 1967, après « la Guerre des Six Jours », ceux qui restaient encore sont partis.
  La génération des vieilles juives, qui avaient dû  renoncer à leurs vêtements traditionnels en traversant la Méditerranée s’est éteinte.
Le cimetière Juif à Constantine est surveillé pour éviter les profanations mais désert, les synagogues sont fermées ou ont changé d’affectation, la grande synagogue du Midrach du Grand rabbin Halimi rue Thiers est un Centre Islamique aujourd'hui (2014) et la synagogue de mon enfance « le Temple Algérois », Place Négrier, où chantait mon grand-père qui avait une si belle voix, a disparu. A côté du Tribunal rabbinique elle a été démolie, rasée pour laisser place à un parking (photo interdite). C’était pourtant la plus moderne, avec son «chemache » à bicorne, les jours de grande cérémonie, ses vitres colorées et, extrait des prophètes (Isaïe 56,7), son message œcuménique d’espérance, de paix et de tolérance inscrit sur son fronton :
  «Car ma maison sera l’oratoire de tous les peuples ».

  
 Photo de la synagogue «  le temple algérois » aujourd'hui détruite, transmise par Mr Jacques Nakache.


                               Synagogue et palmes soukka



Place negrier retouchee 2

Carte postale datée 1919 : Place Négrier. Le tribunal rabbinique et au fond la synagogue détruite. Interdiction par la police de photographier l’endroit en 2014 à cause du tribunal rabbinique devenu civil et fortin assiégé avec un mur de protection depuis la « décennie noire ».



*Pour compléter l'évocation de Kar chara voir en V Constantine les 2 textes sur le "four banal", chaque quartier avait le sien, et "le hammam".

 .

Le 44 Rue Thiers, chez mes grands-parents Melki..

Kar chara

Derrière les 3 immeubles construits sur le court tronçon très pentu de la rue Thiers en bordure du gouffre du Rhumel au début du XXème siècle, le quartier arabe avec de nombreuses constructions récentes et vers la droite au-delà de l'image le quartier juif qui date du XVIIIème jadis dit Kar Char aujourd’hui  en ruines. A gauche de l'image la rue Nationale ou Georges Clémenceau.
 De gauche à droite au premier plan des immeubles récents de conception occidentale : le gros bloc blanc du Palais Hardouin art déco (1920-30), l’immeuble de l’Alliance vers 1910 avec 2 puis 4 étages, et le plus vieux ensuite le 44 rue Thiers (vers 1900) où nous habitions au 4ème étage, au dessus du gouffre du Rhumel.
              


 4 DOCUMENTS
1. senatus consulte sous Napoléon III.

2.? Décret Crémieux.
3. Les juifs natifs de Constantine
 déportés de France.
4. monument aux morts 1914 1918


Senatus consulte tubiana

Document 22 Août 1868 transmis par un parent Toubiana : Décret impérial : citoyen français par senatus consulte du 14.7.1865.
Copie du 3 Janvier 1941 au moment où les lois de Vichy abrogeaient le décret Crémieux et ôtaient la nationalité française aux juifs d'Algérie renvoyés à leur indigénat exceptés les juifs devenus français par senatus consulte sous Napoléon III.

 
 

  Isaac Jacob dit Adolphe CREMIEUX

24 octobre 1870 - Promulgation du décret Crémieux

 

24 octobre 1870 - Promulgation du décret Crémieux

 

Son nom restera à jamais associé au destin des juifs d’Algérie. Isaac Jacob Crémieux, plus connu sous le nom d’Adolphe Crémieux, est l’homme qui a contribué à l’assimilation de la communauté juive à l’époque où l’Algérie était encore une colonie française. Né le 30 avril 1796, il est issu d’une famille juive spécialisée dans le négoce de soie. Avocat, franc-maçon, député, sénateur et ministre, ardent défenseur de la cause juive, Adolphe Crémieux fut élu président du Consistoire central israélite de Paris en 1843 et de l’Alliance israélite universelle en 1864.

Promu en 1870 ministre de la Justice du gouvernement provisoire de Défense nationale, instauré après la chute du Second Empire face aux Prussiens, il fait promulguer, le 24 octobre 1870, six décrets pour régenter la vie administrative et sociale en Algérie. L’un met fin à l’administration militaire dans la colonie, un autre interdit la polygamie aux juifs d’Algérie. Le plus important leur accorde de facto la citoyenneté française. Publié au Bulletin officiel de la ville de Tours le 7 novembre 1870, il s’énonce ainsi : « Les Israélites indigènes des départements de l’Algérie sont déclarés citoyens français : en conséquence, leur statut réel et le statut personnel sont, à compter de la promulgation du présent décret, réglés par la loi française. Tous les droits acquis jusqu’à ce jour restent inviolables. Toutes dispositions législatives, décret, règlement ou ordonnance contraires sont abolis. »

La présence de la communauté juive au Maghreb remonte au Ve siècle avant J.-C. D’autres s’y installent quelques siècles plus tard, notamment à la suite de la répression exercée par l’empereur Titus en Palestine après la destruction du Temple en l’an 70. À la faveur de la conquête musulmane en Afrique du Nord, les communautés juives obtiennent le statut de dhimmi. Ce cadre leur accorde la liberté du culte, mais leur attribue un statut juridique inférieur à celui des musulmans. Après la victoire des Rois Catholiques contre les troupes musulmanes et la chute de Grenade en 1492, la chasse aux juifs est ouverte en terre ibérique. Fuyant la mort et la persécution, des milliers d’entre eux trouvent refuge dans les pays du Maghreb. Lorsque les troupes françaises s’emparent de la Régence d’Alger, en 1830, on y compte quelque 30 000 juifs, résidant essentiellement dans la région d’Alger et de Constantine. Ils sont soumis au même régime de l’indigénat que les populations musulmanes.
L’empereur Napoléon III veut mettre fin à cette situation. Le 17 septembre 1860, il foule le sol algérien avec en tête un grand projet : la création, sous la bienveillance et la protection de la France bien sûr, d’un royaume arabe qui s’étendrait d’Alger à Bagdad. Sous le Second Empire, Européens et indigènes seront égaux en droits et en devoirs. Fort d’une pétition de 10 000 signataires juifs réclamant la « naturalisation collective », Napoléon III fait promulguer, le 1er juillet 1865, un sénatus-consulte en vertu duquel juifs et musulmans pourraient accéder, à titre individuel, à la nationalité française, à condition de renoncer à la loi religieuse. Cette procédure suscite peu d’échos. Le sénatus-consulte est considéré comme une hérésie, autant par les juifs que par les musulmans.

Pour remédier aux insuffisances du sénatus-consulte, Adolphe Crémieux fait donc adopter le décret qui portera son nom, mais qui, aussitôt promulgué, provoque une vague de colère. La défaite de la France contre l’Allemagne et une terrible famine qui décime des milliers d’entre eux accentuent le ressentiment des musulmans. Jugé discriminatoire et offensant, le décret Crémieux sera à l’origine d’une série de révoltes conduites par des chefs religieux. Le 8 avril 1871, Cheikh Aheddad décrète le djihad contre la France. Des milliers de personnes périssent dans l’insurrection, dont les chefs sont déportés en Nouvelle-Calédonie. Dans l’espoir de mettre fin à la révolte, le chef du gouvernement provisoire, Adolphe Thiers, dépose, le 21 juillet 1871, un projet d’abrogation du décret. Sous la pression du banquier Alphonse de Rothschild, sa proposition sera repoussée. Le décret Crémieux ne sera finalement abrogé qu’en octobre 1940, sous le régime de Vichy.

 

 

 
 

LES JUIFS NATIFS DE CONSTANTINE DÉPORTÉS DE FRANCE Le prénom signalé d’un point (•), précise que la personne est rescapée du camp d’extermination à la Libération. L’âge est déterminé après avoir retranché l’année de naissance de l’année de déportation.

ABOULKEIR Abraham• 28 ans n°   3 HALIMI Sarah 47 ans n° 77 ACHOUR Beya dite Fortunée 58 ans n° 77 HALIMI Simon 47 ans n° 71 ADDA Fernand 36 ans n° 36 HENDLER Ignace 43 ans n° 76 ADDA Gilbert 26 ans n° 48 ISAAC Georges 59 ans n° 74 AKIBA Marcel 51 ans n° 68 KARTOUZOU Alain 5 ans n° 70 ALIMI Nissim 67 ans n° 72 KUPERBERG Suzanne 43 ans n° 69 ALLOUCH Abraham• 22 ans n° 81 LALOUM Maurice 20 ans n° 59 ALLOUCH Alex• 11 ans n° 81 LEBOVITS née ZERBIB Julie 37 ans n° 72 ALLOUCH Benina 49 ans n° 59 LÉVY née LALOUM Alice 22 ans n° 48 ALLOUCH Joseph 50 ans n° 77 LÉVY Blanche 45 ans n° 55 ALLOUCH Khémissa• 44 ans n° 81 LÉVY-BULTINET Léon 33 ans n° 77 ALLOUCH Nancy• 14 ans n° 81 MEDIONI Albert 44 ans n° 62 ALLOUCH Rachmil• 57 ans n° 81 MIMOUN Elie• 18 ans n° 53 ALLOUCH Rolande• 19 ans n° 81 NABITZ Khémissa 34 ans n° 64 ALLOUCHE Cécile• 16 ans n° 77 NAKACHE Alfred• 29 ans n° 66 ALLOUCHE Louise Henriette 44 ans n° 77 NAKACHE Annie  3 ans n° 66 ARON Alice 73 ans n° 58 NAKACHE Paule 28 ans n° 66 ASCOLI Marianne 53 ans n° 69 NAHMIAS Léon 57 ans n° 36 ASSOULINE Lolita 47 ans n° 35 PARIENTÉ Joseph 58 ans n° 74 ASSOUN Aziza 51 ans n° 53 QUICHAUD Diamanti 29 ans n° 59 ASTRUC Alice 38 ans n° 35 RENASSIA Gabriel 57 ans n° 74 ATLANI David 56 ans n° 59 RENASSIA Rachèle 59 ans n° 74 ATTALI Raoul 49 ans n° 75 SALMON Georges 60 ans n° 59 AZAN Mireille 27 ans n° 57 SCHIPKE Aron 54 ans n° 10 AZAN Paul 22 ans n° 53 TOUBIANA Edmond 52 ans n° 59 BEN SAID Fredj 46 ans n°   4 UHRY Fernand 71 ans n° 60 BENSEGNOR Judas 39 ans n° 64 UHRY Marcel 57 ans n° 34 BOUCHARA Zarrada 59 ans n° 76 UTEBERRY Joseph 37 ans n° 69 BOUDJENA Daniel 45 ans n° 76 WOLFNUGER Bertha 66 ans n° 49 CHALOM Victor 76 ans n° 72 ZAMOR Colette 16 ans n° 69 CHEMLA Huguette 13 ans n° 77 ZAMOR Jacqueline 15 ans n° 69 CHEMLA Robert 15 ans n° 77 ZAMOR Liaou 51 ans n° 69 CHEMLA Zakia 46 ans n° 77 ZAMOR Paul Aristide 13 ans n° 69 CHICHEPORTICHE Léa• 20 ans n° 76 ZERBIB Diamantine 46 ans n° 75 COHEN-BACRIE André 40 ans n° 73 ZERBIB Edmond dit Edouard 29 ans n° 57 EL AHMI Sion Haï 66 ans n° 57 ZERBIB Georges 26 ans n°  3 GANOUNE Emile 48 ans n° 73 ZERBIB Khalfa Adolphe• 37 ans n° 75 GHOZLAND Moïse 53 ans n° 58 ZERBIB Léon 62 ans n° 75 GOZLAN Roger 23 ans n° 74 ZERBIB Rubin 59 ans n° 66 GUEDJ Jacques 30 ans n° 69 ZIRLIS Camille 57 ans n° 74 GUEDJ Melka 56 ans n° 69 ZIRLIS Huguette• 23 ans n° 74 GUEDJ Rachel 46 ans n° 59 ZIRLIS Jacques 27 ans n° 73 GUEDJY Maurice 54 ans n° 62 ZITOUN Germaine 27 ans n° 59 Juifs natifs de Constantine déportés vers le camp de Mauthausen (Autriche) SAYAG Lucien• né le 6 février 1907 Juifs natifs de Constantine morts dans les camps d’internement en France ABRAVANEL Maurice 60 ans mort à Drancy Juifs fusillés ou exécutés sommairement en France natifs de Constantine CHEMLA Moïse 39 ans Dardilly (Rhône) SPORTISSE Lucien 39 ans Lyon (Rhône)

 76.000  juifs de France ont été déportés dont 24.500 juifs français dont 15.000 nés en Algérie.

Annie nakache  paule-et-annie-nakache.jpg









Déportées sur dénonciation Nakache Annie 3 ans et sa mère Paule née Elbaz 28 ans, parente alliée de notre famille- ne reviendront pas. Le père, le champion de natation Alfred Nakache survivra.

 
Img 412
Sur le monument aux morts de la guerre 1914-18 qui se trouve dans le cimetière juif de Constantine j’ai trouvé 4 noms de soldats, 4 zouaves aux patronymes Sicsic et Melki qui ont un lien avec mes familles paternelle et maternelle :

    Sicksick  Robert 3ème zouave mort le 2 juillet 1915 aux Dardanelles.

    Melki Benjamin 3éme régiment de marche d’Afrique mort le 20 mai 1916 à Esmes 55100
bataille de Verdun
    Melki Jacob  2ème régiment d’artillerie de campagne mort le 3 Septembre 1918 à Beauvals 6000.
    Melki Paul Sassi 3ème zouave mort le 4 juin 1915 à la Ferme de Berthonval  Pas de Calais.                              


 

 

 

 

                    

 

Dov gedi

04/12/2020 16:00:03

Dovgedi62@gmail.com

Sur : 1940-1950 Kar chara quartier juif 3

La meilleure histoire sur constantine.touchant et emouvant.merci

 

Commentaires

  • Levy eliane
    • 1. Levy eliane Le 23/12/2020
    Bonjour moi eliane Levy mon pere Livo Levy etait tailleur rue sidi l’akdar et nous habitions rue Thiers. Cela me rappelle Mon oncle Edouard zerbib grande figure de constantine merci pour ces belles images. ( j’etait infirmière a la clinique Guedj )
  • Dov gedi
    • 2. Dov gedi Le 04/12/2020
    La meilleure histoire sur constantine.touchant et emouvant.merci
    • claudesicsic
      • claudesicsicLe 06/12/2020
      Merci Claude Sonigo

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