Commentaire adressé à Morial Akadem.

Jacob Jacob Melki

  Jacob, Jacob de Zenatti.
 A propos de Constantine  et du roman Jacob Jacob de Zenatti.
Bonjour chers amis :
  J'ai suivi votre avis. J'ai acheté et lu le roman Jacob Jacob.
Voilà ce que j'ai eu envie de dire :

J’ai beaucoup aimé l’écriture, le style, la poésie, la sensibilité, l'empathie pour ses personnages, les qualités romanesques mais il arrive qu’entraînée par cette empathie et le lyrisme naturel de son style cette vraie romancière n’évite pas toujours le piège du « pathos ».
  Et j'ai de sérieux doutes sur la véracité de la peinture des mœurs de ce quartier juif de Constantine et en particulier la soumission et humiliation des femmes tête baissée pour parler au mari, repas au sol sur des coussins à part (chez les Arabes oui), nourriture insuffisante pour la bru enceinte et les enfants alors que les hommes et la belle-mère ont double ration, violences physiques graves contre des petits (à 8 ans une nuit entière attaché dans une cave avec des rats après des coups de fouet pour un retard ou vagabondage) même dans les milieux très pauvres, incultes, frustes. Née en 1933, J'ai vécu à Kar Chara*, le quartier juif de Constantine pendant la 2ème guerre mondiale de 1940 à 1948 et le Dr Attal, évoqué dans le roman, a même soigné mes angines !
Certes beaucoup, dans le petit peuple, vivaient encore, surtout dans ces années de guerre dans le dénuement, la misère, la promiscuité, l'insalubrité des vieilles maisons mauresques : des familles entières dans une ou deux pièces, oui, sol en terre battue, oui, plus souvent sol couvert de pierres irrégulières,  pas d’électricité, oui, cela existait. L’alcoolisme aussi. Mais les mœurs décrites, la mentalité surtout sont  plutôt celles de la 1ère guerre mondiale et même XIXème siècle, à l'époque où les juifs "youd al Arab" sortaient à peine de la dhimitude.
 La femme avait sa place dans la famille juive, respectée, pas reléguée hors de table et pas seulement les femmes âgées. L’émancipation et assimilation étaient déjà importantes dans les années 1940 même à Constantine pourtant souvent considérée avec condescendance pour ses mœurs plus lentes à évoluer (costumes judéo arabes de certaines femmes âgées, langue arabe émaillée de français ou l'inverse parfois dans les vieilles générations). Mais toute la jeunesse avait été scolarisée et éduquée. Un bond dans l’évolution depuis 1870 et le décret Crémieux, toutes générations confondues !
Donner cette image trahit la réalité que j'ai vécue et qui est sûrement la seule vraie.

*voir sur mon site : Les Souvenirs de Claude e. Monsite le texte kar Chara que j’ai consacré à ce quartier. Et à mes grands-parents Melki ( même patronyme que le héros du roman : Jacob Melki) qui vivaient rue Thiers, en plein quartier juif, mais dont les mœurs très occidentalisées étaient bien éloignées de celles de ce roman !

D’autre part la topographie : pour aller à la gare, depuis le quartier juif nous empruntions le pont d'el kantara pas celui de sidi m'cid qui menait à l'opposé  à l’hôpital et au cimetière juif.
Le Rhumel n’est pas un fleuve mais un Oued parfois sec l’été.
J'ai fait un séjour à Constantine en Mars 2014 et j'ai revu tous ces lieux de mon enfance. En ai fait un compte rendu sur monsite.
Je vous embrasse amicalement et à bientôt. Claude.

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