Tuerie du 26 Mars 1962

 6 mois après notre départ, la fusillade de la rue d’Isly, appelée aussi le massacre de la rue d'Isly, a eu lieu le devant la Grande Poste de la rue d’Isly  à Alger. Comment ne pas entendre encore 65 ans après le cri déchirant :"arrêtez le feu ! "couvert par le bruit des armes de soldats français tuant des citoyens français désarmés pendant 12 interminables minutes. Tuerie injustifiable !

Ma mère venait de quitter le 13 rue Fourchault à Bab el Oued à cette date. Ce jour-là une manifestation de citoyens français, civils non armés, partisans du maintien du statu quo de l’Algérie française, décidée à forcer les barrages des forces de l'ordre qui fouillaient le quartier de Bab El-Oued en état de siège à la suite du meurtre de six appelés du contingent par l'OAS, se heurta à un barrage tenu par l'armée française qui mitrailla la foule désarmée. A Bab-el-Oued assiégé, l'armée perquisitionnait, pénétrait sans ménagement dans les appartements à la recherche d'armes.
 Cette guerre d'Algérie fut aussi une injustifiable guerre civile.
 Trois mois plus tard en Juillet 1962 le modeste petit peuple de Bab el Oued arraché à ses maisons, à tout ce qui faisait sa vie et les plus malheureux Français d'Algérie, mal accueillis comme nous tous en métropole, se retrouvèrent incrédules et hagards dans des vêtements d'hiver entassés sur les quais du port de Marseille.



 Poème de janine Izard, une chère amie constantinoise

Et 
le bateau partait …

 

C’était un jour d’été.  La chaleur écrasante

Teintait d’un blanc laiteux l’atmosphère pesante

Et le bateau partait silencieusement

Dernier triste refuge de tous ces pauvres gens.

 

Et le bateau partait silencieusement

Vers un monde inconnu tellement  menaçant.

Le regard égaré sondant la ville blanche

Epaules affaissées et larmes qui s’épanchent.

 

Le regard égaré sondant la ville blanche

Maitrisant durement le corps qui déjà flanche

Retenant à grand peine leur immense chagrin

Ils partaient sans retour vers leur nouveau destin.

 

Retenant à grand peine leur immense chagrin

Ils ébauchaient l’adieu d’une discrète main,

Et  s’enivraient encor’ de tous leurs souvenirs

Tendrement enfouis pour les jours à venir.

 

Et  s’enivraient encor’ de leurs chauds souvenirs

Retenant à grand peine de douloureux soupirs.

La ville s’estompait au loin dans le brouillard,

Il faudrait maintenant vaincre le désespoir.

 

La ville s’estompait au loin dans le brouillard

Dans cette mer aimée sombraient tous leurs espoirs.

Et filant vers un but qu’ils n’avaient pas choisi

Ils relevaient la tête pour affronter leur Vie .

 

                                                                                         Jeannine  


 
       


  Le maire socialiste Gaston Deferre rallié à la politique de de Gaulle ne pouvait ouvrir ses bras à ces "colons" par péché originel, suppôts de l'OAS par conviction. On lui prête une phrase inacceptable. J'espère qu'il ne l'a jamais prononcée.

Deferre

 Commentaire d'une amie

J'ai noté une remarque , avec la susceptibilité sans doute déplacée qui m'accable dès qu'il s'agit de l'Algérie, où vous semblez penser que la réflexion désobligeante du maire de Marseille, G. Deferre peut n'être qu'une rumeur . Je peux vous assurer qu'il l'a bien faite, je l'ai entendu le dire avec tout le mépris dont il était capable,  alors que j'écoutais la radio peu de jours après notre arrivée ici. J'étais allongée sur l'unique matelas qui nous servait de meuble , dans un appartement dont le loyer exorbitant pompait l'unique salaire de notre couple, le mien, mon mari ayant perdu son travail. 
Comment ne pas se souvenir de ce " détail" affligeant pour des gens qui avaient tout perdu et ne savaient pas de quoi le lendemain serait fait.  
 

 Quant à nous juifs qui décidément ne trouverons jamais notre place nulle part sur la terre habitée, oublié le décret Crémieux de 1870, nous étions, comme sous Pétain en Algérie, des judéo-arabes pour beaucoup de Français métropolitains. Je l'ai entendu.

Alger 26 mars 1962

Grande poste alger

 

Le dernier bilan officiel est de 46 morts et 150 blessés, bien que de nombreux blessés meurent à l'hôpital Mustapha, où la morgue est débordée. Aucune liste définitive des victimes n'a jamais été établie. L'association des victimes du 26 mars publie une liste de 62 morts, tous des civils ; 7 militaires (dont 2 gendarmes) sont tués.

Il faut attendre le pour que la télévision française (France 3) consacre une émission à cet événement tragique méconnu ou volontairement occulté, à cause d'une autre "repentance" plus dans l'air du temps.
Le massacre de la rue d'Isly, documentaire de 52 minutes, réalisé par Christophe Weber conseillé par l'historien Jean-Jacques Jordi

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