La nouvelle Algérie

 
    Abd El Kader a remplacé Bugeaud sur la place face au Milk bar à Alger.


     
Le Duc d'Orléans Place du Gouvernement.                                  Jeanne d'Arc face à la Poste.

 
                                                                                Bugeaud

 Pendant ce court séjour j'ai cru découvrir un peu la nouvelle Algérie, pays de contrastes et de paradoxes. C'est ce que j'appellerai " la leçon des ponts" à Constantine.. L'extraordinaire beauté naturelle de ce site et la laideur du bâti qu'on a laissé se dégrader dans la vieille ville surpeuplée. L'ambition de projets prestigieux comme le transrhumel, les infrastructures routières, les aéroports, l'aménagement des côtes avec des ports, les universités et la misère d'une tranche de la population visible dans les vieux quartiers laissés vacants en1962 et dans la vieille ville arabe, la souika, vue du Pont de Sidi Rached . Contraste entre la bourgeoisie aisée d'El Biar et le petit peuple de Kouba ou Bab el Oued par exemple à Alger. Emancipation de la femme et archaïsme des lois sur la famille, élan vers la modernité et tentation d'un Islam intégriste.  . 
  Pour construire son histoire de nation, ce pays a d'abord tenté de faire table rase du passé colonial français. Tous les symboles de cette présence ont disparu. Le cavalier et sa monture ont  quitté la " Place du cheval", " Place du Gouvernement" devenue "Place des martyrs".
Le monument aux  morts du  jardin Laferrière avec l'horloge floral a été remplacé.
La statue de Jeanne d'Arc " la résistante" après une tentative d'adoption a été décapitée.
 Certains voulaient remplacer les noms des soldats morts pour la France dans le monument aux morts de Constantine par les noms des martyrs de la révolution. Boumedienne s'y est opposé. Mais, depuis, les plaques commémoratives en bronze ont été vandalisées et volées..
 Mais l'Algérie reste le premier pays francophone et les liens avec la France persistent à travers la nombreuse population immigrée algérienne.
 
Cette nouvelle Algérie a sa figure tutélaire, Abd el Kader. Ce choix est à l'honneur de l'Algérie. Abd el Kader était un guerrier courageux, un héroique combattant, un homme  d'honneur. Il était aussi un homme de foi qui défendait un islam ouvert et tolérant, un mystique. Ses qualités humaines étaient reconnues par tous.
 L'Algérie a  ses héros, les "martyrs" qui figurent sur les monuments aux morts et ont donné leurs noms aux rues.
 

 L'Algérie a  son drapeau, fièrement hissé partout, dans les aéroports , les gares, les écoles, les  monuments officiels.( Police, gendarmerie, armée interdites de photo).
 
      

   Ici à l'entrée de l' Hôtel El Caïd à Bou Saada.    Accroché à flanc de montagne près du site d'El Kantara.
 

     

 A l'entrée d'un immeuble vétuste au marché à Kouba à Alger, en l'honneur de l'équipe de foot. A l'entrée de l'ex vieux Lycée Laveran à Constantine.

  

  Sur la façade de l'Opera de Constantine devant lequel a lieu chaque jour un petit commerce dont la nature m'a échappé, une banque parallèle?. Et même sur la table de télévision de notre hôtesse du"44" un petit drapeau comme on en distribue dans les manifestations.
 Il a aussi son hymne "Kassaman" "nous jurons" qui ouvre même la journée des petits à la crèche. Depuis l'appartement de Zina, j'entendais le viril choeur patriotique transmis par haut parleur.
 Il a son programme  symbolisé par les trois palmes du monument de la Révolution à Alger.
Il a sa religion d'Etat. Le code de la nationalité fait de l'Islam une obligation. L'Islam est partout présent avec les appels des muezzins, les mosquées, lieux de prières et universités islamiques qui se multiplient.
 Sa langue officielle et obligatoire, l'arabe. 
 Il a son patrimoine culturel, musical, culinaire, vestimentaire mais il reste en quête d'identité pour des raisons multiples. Son passé d'abord jamais national auparavant dans l'Histoire à cause des colonisations successives, de la vie tribale, les  pressions contradictoires de l'Orient et de l'Occident, de la Méditerranée et de l'Afrique, de l'islam et de l'islamisme, la tentation de la démocratie laïque et d'un autre code de la famille et la revendication de certaines populations qui veulent être reconnues avec leurs particularismes et leurs idiomes.
L'Algérie est un immense territoire riche de ses ressources et de sa jeunesse. Elle se construit  avec des réalisations ambitieuses d'infrastructures, routes, autoroutes, aéroports. Elle privilégie l'éducation avec des pôles universitaires prestigieux comme Mentouri.
 Mais l'Algérie fatiguée des violences et de la corruption, attend de se construire un destin, un avenir pour ses enfants, ces jeunes que j'ai trouvés inquiets, désabusés, aussi bien les intellectuels sans travail que j'ai cotoyés que les jeunes travailleurs comme Walid le chauffeur de taxi, jeune père de famille ou le garçon de café qui voulait nous offrir le thé à la menthe dans un café maure. Ils désiraient "partir"! .Dommage !


 


 



 

 

 





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