Arrivée à Ouled Djellal

L'arrivée à Ouled Djellal


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  Depuis l'auto en marche.
 
Après avoir traversé une zone désertique, nous sommes arrivés dans l'oasis d' Ouled Djellal, à 100 km de Biskra, Vendredi 21 Mars vers 19 heures.   J'y ai découvert à l'occasion d'un décès les vestiges de moeurs anciennes dans une vaste  maison de l'époque coloniale d'architecture  occidentale. Elle fut jadis occupée par le  Directeur des services hydrauliques chargé d'exploiter l'eau chaude qui coule naturellement des entrailles de la terre. Cette eau chaude alimente maintenant toutes les maisons de la région.
 Je vais aussi découvrir le contraste  entre deux types d'habitat. Le lendemain  en effet nous nous rendrons dans la palmeraie de Messaoud,  le père de Zina, dans  une grande  maison rurale typique de la région, adaptée au climat et à la rudesse de la vie des autochtones, essentiellement des paysans ou petits artisans jadis.
 Aujourd'hui, une cinquantaine de membres de la famille -la plupart sont des enfants ou petits enfants du défunt qui a eu 12 enfants- sont rassemblés pour la célébration de la fin du deuil des 8 jours du chef de famille Saleh, âgé de 86 ans et malade, paralysé depuis 5 ans.
Saleh a eu 11 enfants avec Aziza sa 1ère épouse, soeur aînée de Zina, et 1 avec la 2ème, Zahar Liom.
 Il était décédé le Vendredi précédent. Les étrangers et membres éloignés de la famille venus pour l'enterrement et les hommages et prières à la mosquée sont repartis après deux jours. Après 8 jours ce sera la dispersion complète de tous les proches, certains arrivés de l'étranger.
  Saleh fut responsable dans la société hydraulique. La maison de type colonial, logement de fonction, appartint à des Français. Il l'a occupée puis achetée.
 Selon la tradition de ce rituel funéraire, des prières ont eu lieu le matin au domicile pour les femmes et à la mosquée pour les hommes.
Les hommes et les femmes sont séparés pour les repas et pour la nuit. Nous ne retrouverons Medhi disparu de notre vue avec les hommes dès notre arrivée que le lendemain matin.
 Ce sont les femmes qui nous ont accueillies Zina et moi.

  

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   Toutes les femmes sont  rassemblées avec  les enfants et les deux épouses réunies dans la sérénité et l'harmonie après plus de trente ans d'ignorance réciproque.
J'apparais dans le miroir, seule étrangère à la famille, je pense.
 Dans ce grand séjour de conception occidentale de vastes fenêtres, un climatiseur et une grande cheminée.
Dans la maison rurale typique du pays conçue pour se protéger du froid et de la chaleur ( jusqu'à -2 la nuit l'hiver et + 45 le jour l'été ) les murs sont en toub, isothermique, pas ou peu de fenêtres très petites. La partie à vivre est toujours au rez de chaussée à l'ombre, à l'abri du soleil et du froid, distribuée autour d'une cour intérieure. Et avec un grand four à pain.
 A l'origine des braséros, kanouns en terre cuite, alimentés au charbon de bois  servaient pour le chauffage et la cuisson. Plus tard on utilisa aussi des bouteilles de gaz butane.

Nous le verrons le lendemain dans la palmeraie de Messaoud.
  Img 0727 Un groupe de petites filles.

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 Des ados. Les jeunes garçons restent avec les femmes.De gauche à droite : Célia, Salah enfants de Salima, Maram, fille de Saleha
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Une mignonne timide. Petite fille de Saleha.
 
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Les deux épouses dans le jardin le lendemain matin. Aziza la soeur aînée de Zina 80 ans, née le 28 janvier 1934 et la 2ème épouse beaucoup plus jeune, 58 ans, Zahar Liom " Fleur du Jour". Pour des raisons que j'ignore, Aziza avait quitté son mari avec ses 11 enfants et habitait une autre maison qu'il avait construite. Elle n'a pas supporté probablement la présence de la 2ème épouse,- 4 sont officiellement possibles- donnée très jeune par ses parents à Saleh. Zahar Liom n'eut qu'un fils, Bachir.
Aziza  était revenue dans cette maison pour s'occuper de son mari, grand malade en fin de vie pendant que la 2ème épouse Zahar Liom épuisée s'était réfugiée  dans sa famille. Aziza repartira avec tous ses enfants présents, souvent arrivés de l'étranger, à la fin des cérémonies de deuil.

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  Elles sont ensemble dans la cuisine mais aussi sur la véranda pour se reposer.
 
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Toute la soirée les hommes seront absents, hébergés dans d'autres maisons ou dans ce garage pour la nuit.

Img 0791Le lendemain matin quelques hommes de la famille dont Médhi. Ils ont diné et dormi ailleurs ou dans un garage aménagé pour quelques uns.
 De gauche à droite : Mohamed, Hocine, Salim, Bachir, Medhi et Khaled.
 
 
A notre arrivée, le soir, le repas était prêt. Les femmes les plus agées s'activaient à la cuisine . Les jeunes préparaient les tables et servaient.
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Oui, nous étions très nombreux ! Les marmites finissent de sécher dans la cour. La très charmante et amusante Djazia pose, à ma demande, malgré la nuit avec l'énorme couscoussier et des ustensiles grands comme ceux des cantines. J'ai happé au hasard cette jeune femme qui passait, sans la connaître. J'ai eu de la chance pour mes photos ! Elle a posé spontanément avec aisance, humour et grâce.

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 Djazia est opticienne. Elle est la fille de Mohammed, le fils cadet de Messaoud qui ressemble de façon frappante à son père, un homme de foi, droit et courageux   que nous avons  bien connu jadis à Alger. De là date notre amitié mutuelle avec cette famille. Plus de 60 ans !
 Djazia a un bébé de 9 mois. L'enfant, élevé par sa grand'mère Fawzia,  refuse les bras même de son père et de sa mère.
 Img 0747Cette jeune femme est vraiment gracieuse !



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Dans la cuisine, les deux épouses s'activent. Sur  le "potager"carrelé, une de ces grosses théières dorées pour le traditionnel thé à la menthe servi à la fin du repas. Je les avais remarquées à Constantine dans le café maure.
Les tâches ménagères se répartissent naturellement et tout se fait sans tension ni désordre. Les plus âgées cuisinent et font la vaisselle, les plus jeunes servent , débarrassent, nettoient. Comme dans une fourmilière où chacune connaît par instinct son rôle et s'y plie.
Cependant que les jeunes mères imperturbables continuent d'allaiter leurs bébés.
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  Saleha debout surveille le service.

 
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 Conformément à la tradition, nous sommes assises sur des matelas à même le sol et non sur les divans. Repas traditionnel sur des tables basses, chorba, salades, couscous. Le grain de couscous est servi dans une kesra en bois ou en terre cuite, les chorbas et bouillons chauds du couscous dans des récipients en inox, le reste dans des  faiences ou porcelaines. Nous sommes servis dans des assiettes individuelles avec cuillères et fourchettes. Pas de plat commun à la mode africaine.

 Ensuite les jeunes femmes débarrassent  les tables et  commencent à préparer matelas et coussins pour la nuit dans la même grande salle transformée en dortoir.

Puis  rituel du thé à la menthe servi par Salima une des filles d'Aziza.
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Salima, souriante, sert le thé en levant et abaissant la théière pour former le "turban".
 
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Avant de rejoindre notre chambre, moment de sympathie avec Zahar liom la 2ème épouse et Fawzia la mère de Djazia et grand'mère du bébé. Je tiens donc dans les bras un arrière petit-fils de notre ami Messaoud !

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Une très jolie maman avec son bébé. La femme de khaled, un des fils d'Aziza.
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Djazia et Karima, les deux cousines complices manifestement heureuses de se retrouver, comme beaucoup de membres de cette famille, de cette tribu plutôt. Djazia vit à Alger et Karima la dernière fille d'Aziza, à Lyon.
 Karima se marie en Septembre prochain en France à Marseille.
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 Sur ma literie  mon petit bagage.
Zina et moi aurons le privilège de disposer d'une chambre libérée pour nous par une mère et ses enfants qui dormiront dans la grande salle à manger. Aucun meuble, seulement une étagère de rangement. Dans toute la maison de 5 pièces, un grand séjour et 4 chambres, très peu de meubles, une télé. De grands tapis, un buffet, des banquettes avec coussins, des matelas, des tables hautes ou basses, des chaises.
. Saleha, la poétesse du désert viendra nous dire, assise à nos pieds sur le tapis, d'un air et d'un ton de voix inspirés, de ses  beaux poèmes en français sur l'armoise et le désert, Elle en écrit beaucoup, publiés aussi sur Facebook.
  Elle s'est retirée à minuit.
Zina et moi étions épuisées de notre longue journée de voyage. Zina qui, d'ordinaire, dort à peine le nez dans l'oreiller, a eu du mal à trouver le sommeil. La tête pleine d'images je me suis endormie aussitôt et exténuée, j'ai plongé dans un profond sommeil.
 
Au petit matin, temps splendide ! Le jour pénétrait déjà dans notre chambre par cette grande fenêtre au grillage si finement ouvragé qui s'ouvre sur la véranda et le  beau jardin de cette maison. On ne trouve jamais dans l'habitat traditionnel de grandes fenêtres ni de jardin.

 
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 Ouvrir les yeux sur le jour et des arbres à travers cette fenêtre fut un vrai bonheur.
 Avant de me rendre dans la cuisine attirée par le parfum de café et de brioches chaudes, je fis une toilette complète dans une douche désaffectée. Toute l'installation sanitaire, douche et lavabo, probablement antérieure à la découverte et exploitation de l'eau chaude naturelle était pétrifiée dans la rouille et le calcaire.

L'eau chaude, un cadeau de la terre !... Et du labeur des hommes qui ont foré jusqu'à 2000 m pour la trouver !
 Mais d'une fontaine coulait à flot en continu dans une très grande bassine une eau chaude un peu saumâtre  avec une légère couleur de terre  rouge jaillie directement des entrailles de la terre. Elle débordait de la bassine et retournait à la terre par une bonde d'évacuation sur le sol carrelé.. Un merveilleux cadeau de la nature ! Et des efforts de l'homme ! On s'assoit sur un tabouret et on s'asperge tout le corps avec une tassa comme au bain maure. Cette eau chaude naturelle alimente toutes les maisons de la région.
 
 Au matin dans la cuisine les hommes avaient fait leur réapparition.

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  Aziza et un de ses fils  Mustapha époux de saleha;
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  Zahar et son fils Bachir.Tous sirotent leur café, la poétesse Saleha à gauche et à droite, Fawzia, la mère de la charmante Djazia. Elle nous avait préparé de  délicieuses brioches et elle m'en offrira au moment de mon départ pour Paris, parce que je les avais trouvées très bonnes.
  Aziza,  soeur aînée des 13 enfants de Messaoud dont 9 ont survécu, 7 filles dont Zina et 2 garçons,  mère elle même de 11 enfants,  femme de tous les sacrifices et de tous les dévouements, émouvante d'abnégation,  brique les casseroles.

 Au matin côté Cour et côté jardin : Déjà la maison s'anime, une ruche. Ordre et propreté partout. Partout des visages sereins et souriants. Je me suis immédiatement senti en famille.

   Côté cour.
 
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Partout des palmiers dans cette oasis. La cuisine s'ouvre sur une grande cour plantée, au milieu, d'un magnifique palmier. On en voit d' autres au delà du muret. Ce muret construit pour protéger les femmes de la vue isole la cour d'une palmeraie sur laquelle elle s'ouvrait à l'origine, à l'époque où la maison de type colonial a été construite pour le directeur français des travaux hydrauliques . J'ai été frappée par le nombre de murets surélevés et de grands murs qui ferment l'espace pour préserver l'intimité maintenant en pays d'Islam.
                                         
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  Des canards courent en liberté. Saleha la "poétesse du désert" s'occupe de les nourrir.
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   Côté Jardin.
  Une  belle et grande véranda à arcades et très haut plafond  où nos hôtesses nous ont servi le petit déjeuner. Toutes les ferronneries sont d'une grande finesse. Et c'est le printemps !

 


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  Img 0783  Et le superbe bougainvillier explose.

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 Saleha sert le café. Zina ne boit que du lait.
  Img 0777  Le petit déjeuner.
  
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 Tandis que  les plus jeunes s'occupent d'aérer les literies,
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 La rieuse Karima  balaie le perron du jardin.

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 Puis séance de photos souvenirs
 
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Avec Aziza, ma jumelle. Nous sommes de la même année. 1ère épouse du défunt. Elle a eu 11 enfants.

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   Aziza avec son portable.
  Img 0750 Zahar Liom, la 2ème épouse, dans la cuisine.

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 Un des deux fils de Messaoud, Mohamed et son petit fils le bébé de Djazia.

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 Mohamed avec son petit fils et sa nièce Samia jeune veuve mère de 4 enfants, une des filles d'Aziza. Samia a perdu en 2000 son mari, mort dans un accident d'auto.
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 J'ai aimé la réserve et la dignité de cette femme et la noblesse de son visage.

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Saleha, Zina et Khaled, un des fils d'Aziza. Saleha la poétesse est la femme de mustapha, un autre fils d'Aziza.
 
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 Zina et son neveu Khaled qui ressemble, dit-elle, tant à notre gentil chauffeur de Constantine.

 Puis nous quitterons la maison de type colonial et nous nous rendrons dans une authentique typique maison rurale traditionnelle dans la grande  palmeraie de la famille de Messaoud. Kader le 2ème fils de Messaoud nous servira de guide dans cette maison pratiquement inoccupée et un peu à l'abandon depuis la mort de Messaoud.

  A suivre : la palmeraie de Messaoud à Ouled Djellal.

 

 

Commentaires

  • mimi
    • 1. mimi Le 12/03/2015
    moi je suis d ouled djellal ma ville me manque tellement

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