Paul fait les courses

Paul fait les courses

Paul fait les courses

La tête de bœuf
C’était pendant la guerre. On mangeait les rations octroyées contre des tickets de rationnement et on restait sur sa faim. Ou on se débrouillait.
Paul chargé par grand’mère d’acheter « de la tête », un rite culinaire de Soukkot, fit le tour de toutes les boucheries kasher de Constantine. En vain. Il insista. Un boucher finit par  lui dire : «  Voilà une tête, mets la dans ton couffin et file avec ton porteur ! Je ne tiens pas à me faire prendre par la police ! ».
C’était une tête de bœuf entière de 14 kg avec tous ses poils et le reste !
Stupéfaction de grand’mère horrifiée ! Cris d'orfraie, exclamations et jurons en arabe de la bonne !  Revenues de leur surprise et de leur effroi mais perplexes, elles ont employé la journée pour venir à bout tant bien que mal de l’anatomie de cette pièce de boucherie avec couteau, hache, scie et feu pour la débarrasser de ses poils.  Et quelle odeur !
L’histoire ne dit pas si le plat fut prêt pour le repas de la fête!
 

Les 5 poulets.

C’était l’époque où les paysans arabes arrivaient de leurs douars vers la place Négrier avec leur volaille sous leur burnous pour se cacher de la police. Pendant la guerre, ces ventes « à la sauvette » étaient interdites, en infraction avec la «  loi des tickets », c’était du « marché noir » ! Les tractations et marchandages ne duraient pas. Il fallait conclure vite. Paul se retrouva donc avec 5 poulets dans son panier. Il le confia à un porteur par crainte de la police et le rejoignit chez le Chohet, le rabbin sacrificateur.
Le rabbi examina les poulets et en rejeta un avec un verdict «  pas kasher ! » sans appel ! Il avait décelé une anomalie, parfois une simple fracture ou une ecchymose. Il sacrifia les 4 autres. Paul repartit avec ses poulets dont un bien vivant qu’il prit soin de mettre au fond du panier avec les 4 poulets morts par-dessus, par jeu, pour faire une farce ! Le malheureux volatile libéré se sauva à travers la cuisine à grands coups d’aile et à grands cris, terrorisant grand’mère et la bonne qui pardonna la méchante farce parce qu’elle emporta le poulet vivant.
 

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