Paul et les deux rabbins

« Paul, Je n’ai pas de réponse pour toi ! »

Jadis, il fut "Pierre", à Constantine, l'un des jumeaux que j’ai vu naître . L’un des trois fils de mon oncle Maurice. Un très bel enfant puis séduisant jeune homme, séducteur aussi, au noir "regard de velours" aux longs cils et à la fine moustache à la Clark Gable.
Il est devenu rabbi Schlomo aujourd’hui, en Israël,  un « hassid », chapeau noir à larges bords, tsitsit et  longue barbe blanche non taillée de patriarche biblique.
Il marie sa fille. On se marie très jeune chez les orthodoxes.
En Israël, les mariages, bénédiction sous la « houppa », le dais nuptial, puis festivités  sont célébrés dans des salles et non dans des synagogues où généralement l’usage veut que les hommes et les femmes soient séparés.
Paul arrive. Il n’a pas remarqué le rideau. Il s’installe à une table avec sa famille et Yolande arrivée de France en Israël pour assister à ce mariage.
La sœur du jeune marié s’approche pour les accueillir et les invite à se séparer. Les femmes d’un côté du rideau, les hommes de l’autre !
Quoi ? Même pour les festivités ? Même pour danser ?
D’abord incrédule, Paul toujours impulsif quitte bientôt les lieux suivi des siens. Seule Yolande restera assise.
Le lendemain, Paul court dans le quartier de cette communauté consulter leur rabbi  qui explique doctement que l’origine de cette pratique est biblique donc sacrée. A la Sortie d’Egypte Moshe a traversé la mer Rouge suivi des seuls juifs mâles et Myriam ensuite avec les femmes et les enfants.
Peu convaincu par ce qui lui paraît une argutie de Sophiste ou de Docteur du Moyen Age, Sorbonnicole dirait Rabelais, Paul va interroger le Grand Rabbin de sa ville, un éminent talmudiste qui  avait bien connu grand-père.
« La Thora ! Rien que la Thora ! Je veux une explication tirée du Livre, pas les élucubrations des rabbins du Talmud ! ».
« Bon ! Doucement ! Calme-toi mon fils ! Donne-moi le temps de la réflexion ! ».
 
                                                                                                                                  
Deux semaines plus tard le rabbin le reçoit et sans ambages :
« Paul ! Je n’ai pas de réponse pour toi ! »

Tableau: Mane Katz:( 1894-1962) Sous le dais nuptial huile sur toile 1957. 300x280.


   8 Août 1951  Au lac de Djebel Ouach à Constantine. Pierre- Shlomo, le futur Rabbi, est sur mon épaule, Guy sur celle de Max et Denis sur celle de Jean Pierre.
                                     Josiane prend la photo. On voit son ombre. Devant Vonvon à genoux.

 

 

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