La soukkah


                
  La Souccah

L'automne


  

A la fin de l’été, sur la terrasse, dans une grande excitation joyeuse, nous célébrions Soukot « la fête des cabanes »qui commémore la vie précaire des Hébreux errant, après la sortie d’Egypte, sous des  « nuées de gloire », dans le désert, pendant quarante ans. « Colonnes de nuées, le jour, et de feu, la nuit ».Précarité absolue de l’homme et protection absolue de Dieu.
« Dans la souccah, tu demeureras 7 jours ». Ainsi nous est-il ordonné (lévitique 23, 42.).
La préparation était fébrile. Les jours précédents, des Arabes circulaient dans le quartier juif avec des charrettes tirées par des mulets, pleines de roseaux et de branches de palmier. On marchandait et on achetait.
Les adultes édifiaient avec de  très longs roseaux  une grande  cabane. Les branches de palmier qui recouvraient le toit devaient laisser apercevoir le ciel : deux tiers de branchages et un tiers de ciel.

loulab

Grand-père venait inaugurer la souccah en chantant le « Hallel » et en agitant le « loulab » dans les quatre directions et vers le haut et le bas  pour signifier que Dieu est partout. Le « loulab » est une branche de palmier garnie de feuilles de saule et de myrte. Dans sa main libre, grand-père tenait un cédrat qu’il respirait  profondément en demandant la protection divine.
Parmi d’autres, l’une des explications est que chacune des quatre espèces : palmier, cédrat, myrte, saule, est le symbole d’une attitude des Juifs à l’égard de l’étude de la Torah et de la pratique des « mitsvot ». L’étude de la Torah est comparée au goût et l’accomplissement des « mitsvot » à l’odeur : la datte : goût sans odeur, le cédrat : goût et odeur, le myrte : odeur sans goût, et le saule : ni goût ni odeur. Et le « loulab »est le symbole du peuple juif au-delà de toutes les différences dans la pratique- ou non- de la religion. Je ne me souviens pas que grand-père ait souvent pris là ses repas avec nous. Probablement, les prenait-il seul en revenant  de la synagogue tôt  le matin et le soir.
Nous,  enfants, ne quittions plus la terrasse.  Dans  la vaste cabane, où table et chaises avaient été installées, nous faisions de copieuses « goûtettes », aussi joyeuses que celles que grand’mère et ma  tante Mireille organisaient pour nous, le soir de Pourim, avec un service de table miniature en verre bleu à relief « une dinette » dans le « coin du piano ». La banquette cannée du piano tenait lieu de table, et de petits tabourets bas en bois blanc paillés, de sièges. Nous avions même de petits kanouns avec des braises sur lesquels nous réchauffions nos minuscules marmites de petits pois avec boulettes de viande.

  Verres bleus goutette
A la fin de la semaine de soukot, après le démontage de la cabane, grand’mère récupérait des roseaux pour en faire des brochettes qui marquaient la fin de la célébration, et aussi, pour nous enfants, avec la rentrée des classes, la fin des longues vacances d’été –trois mois- et des jeux sur la terrasse.
Cette fête qui termine un cycle liturgique avec la fin de la lecture annuelle de la Torah, était pour nous, écoliers, aussi la fin d’un cycle.

  
  Constantine : photo transmise par Mr jacques Nakache

  Synagogue et palmes soukka

 

 

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