Préambule 1933-1962 d' Oujda à Alger

L'Algérie une longue étape

Préambule


"Si tu ne sais plus où tu vas, retourne toi et regarde d'où tu viens" proverbe sénégalais.

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1936 : un peu berbère ?

L’Algérie : une longue étape

Malgré les racines berbères probables d’une partie de notre famille, l’Algérie ne fut qu’une longue étape dans l’errance d’une communauté du peuple juif auquel nous appartenons.
L’histoire a fait de nous en France des « pieds noirs » mais nous ne sommes pas arrivés en Afrique du Nord avec la colonisation française.
Depuis le décret Crémieux en 1870, nous n’étions plus des «  juifs indigènes » ou des « indigènes israélites » (tampon apposé sur les livrets militaires des juifs avant le rétablissement du décret Crémieux, en Octobre 1943) mais des citoyens français.
Les lois de Vichy ne nous ont rendus, qu’un temps, à notre premier statut et nous nous sommes réfugiés en « Métropole »dans la débandade de 1961-1962.

 

Le 5 Septembre 1961, Jacques, les 2 enfants et moi prenions une Caravelle d’Air France pour Paris avec quelques valises comme pour des vacances… L’O.A.S. menaçait les candidats au départ. C’est persiennes fermées, que nous avons entassé l’indispensable* pour n’alerter personne : poussette, biberons etc... Pierre n’avait pas 3 ans, Pascale avait 7 mois !
Quelle sera la prochaine étape ?
La « bête immonde » se réveillant, nous voilà, nous juifs, à nouveau incertains et inquiets de l’avenir de nos enfants.
Sur cette terre là-bas je suis née et j’ai vécu jusqu’à 27 ans. J’ai traversé l’époque de la Seconde Guerre Mondiale loin de la tragédie des juifs de France, j’ai connu l’humiliation des lois de Vichy et la détresse de mes parents, le débarquement libérateur des Alliés en Novembre 1942, la guerre d’Algérie que nous appelions les « événements » avec ses tragédies, l’exode enfin.
Je me souviens sans regret, sans nostalgie aucune.
Je me retourne sur mon passé pour témoigner un peu à mon humble niveau, pour mes 9 petits-enfants, encouragée à continuer par mes petites Clara et Alice, mes fidèles lectrices, à qui je dédie « mes écritures ».
L’Algérie est une étape capitale de ma vie, mais déjà lointaine, estompée par grands pans dans mon souvenir.

*148 kg de bagages dont 88 kg d’excédent de poids taxable. Au moment de la panique de l’été 1962,10 kg par personne seulement étaient autorisés.


.J’ai vécu à Oujda (1933-1939), Taza (1940), Oran (1941-1944), Constantine (1944-1948), Tlemcen (1948-1952) et Alger de 1952 jusqu’au départ définitif en Septembre 1961 pour Paris.

 


 

 





















 

  
 

 

 

 




 


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1950 Dans la cour. Colette 1ère en bas à gauche. Je suis au-dessus


 

 


Conclusion du préambule.

Avec l’indépendance de l’Algérie en Juillet 1962, le pays s’est vidé de toute sa population juive qui pourtant vivait là depuis des siècles sinon des millénaires. Les juifs étaient présents sur cette terre avant la destruction du Second Temple par les Romains en 70, en même temps que les Phéniciens qui pratiquaient le commerce. Des vagues successives de persécutés sont arrivés au Moyen-Age de France, d’Angleterre et de toute l’Europe. En 1390, après les émeutes anti juives, et surtout après 1492 et l’Edit d’expulsion d’Isabelle La catholique qui visait aussi les Musulmans, pendant la « Reconquista », les juifs affluèrent nombreux d’Espagne en Afrique du Nord. 
Cette population indigène, ce peuple qui avait subi, sans perdre son identité juive, successivement les invasions romaine, vandale, byzantine, arabe, turque et toutes les humiliations, persécutions et massacres et accueilli la France « pays des droits de l’homme et de la liberté » en 1830, a été entièrement balayée par cette dernière tempête de l’Histoire.

Tous les juifs ont quitté cette terre définitivement pour une nouvelle « Diaspora ».
130.000 arrivés en France, citoyens français déracinés.
En octobre 1962, il ne restait que 25.000 juifs en Algérie dont 6000 à Alger. En 1971 ils n’étaient plus que 1000. En 1982, 200. En 1990, pratiquement plus.
A Constantine, le vieux Kar chara, avec ses très vieilles maisons mauresques dont celle où est née ma mère, 79 rue Vieux, tombe en ruines. La Synagogue de mon grand-père place Négrier dite « Temple algérois » la plus récente pourtant, a été rasée pour laisser place à un parking. A Tlemcen, la vieille maison où ont vécu mes grands-parents Sicsic, 31 rue de France, n’a pas résisté aux travaux d’aménagement et s’est effondrée. Où sont nos tombes ? Même si elles n’ont pas été détruites par le temps ou les hommes ou profanées, je ne saurais les retrouver. Je n’envisage vraiment pas de pèlerinage. « lè fet met », comme disaient nos grands-mères. C’est dans nos mémoires que nous devons chercher la trace de nos ancêtres.

J’ai trouvé dans le FIGARO du 26 Janvier 2010 l’avis de décès du « dernier juif de l’Oranais », Messaoud Prosper Chétrit originaire du Maroc. Il était conservateur du cimetière israélite d’Oran. Il a été inhumé dans le lieu de mémoire dont il avait la garde.

L’Algérie a connu :
654ans d’influence phénicienne.
576ans de paix romaine.
104ans de destructions vandales.
113ans de vaine reconstruction byzantine
872ans d’occupation arabe avec les différentes invasions des Hilaliens, des Almoravides et des Almohades.
311ans d’arbitraire turc.
132ans de colonisation française.

850000 juifs chassés au XXème siècle des pays arabes.
Au Maroc, le nombre Juifs est passé de 286.000 en 1948 à 50.000 en 1968. Début 2015, ils n’étaient plus que 2.500. En Algérie, ils étaient 130.000 en 1948 contre 1.500 en 1968, de même qu’en Égypte, ils sont passés de 75.000 à moins de 1.000
durant la même période.
 



 
  • 1. Annabelle | Dim 13 Avr 2014

Passionnant recit... Merci pour ce voyage!

 

gozlan lucien
  • 2. gozlan lucien | Ven 20 Sept 2013

Madame pour votre recit sur bab el oued, votre habitation a la rue fourchault, il y avait au rez de chausse un atelier de soudure ou je venais faire reparer les becs de gaz en fonte que l on faisait tomber par terre sans faire expres et qu il fallait refaire souder. Cet atelier avait disparu avec la renovation de cet immeuble, en face etait reste le bain maure.
Dans cette rue fourchault, comme vous le rappelez si bien, il y avait aux alentours de cette fabrique, l atelier du pere de mon ami que je revoyais tous les jeudis a l alliance de la rue Suffren, et qui fabriquait des dragees, son nom c etait ACHOUR, et puis au fond de la rue sur la gauche on prenait des escaliers pour aboutir au cinema Le Suffren et de la, par une serie de petites marches en allant vers le haut, on tombait sur l avenue general Verneau et le cinema le Plaza. Merci pour tous ces souvenirs, vous les racontez si bien...


 

 

 

 

 

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