Mlaya noire et Haïk blanc

le costume féminin : patrimoine et influences.

  Le vêtement des femmes  Mlaya et haïk.
Dès mon arrivée, J’ai  remarqué la métamorphose vestimentaire des femmes musulmanes que j’avais laissées en Algérie soit très assimilées, habillées à l’européenne, tête nue, surtout dans les grandes villes soit couvertes de mlayas noires à Constantine ou de haïks blancs ailleurs.
La mlaya noire à Constantine liée à l'histoire tragique de Salah Bey et le haïk blanc d’origine ottomane des femmes à Alger de mon enfance ont pratiquement disparu. Le haïk d'Alger, la robe kabyle, la aâbaya de l'ouest et la m'laya de l'est sont abandonnés par les jeunes générations.
Durant tout mon séjour en mars 2014, je n'ai rencontré que deux vieilles femmes dans ces tenues traditionnelles, une à Constantine et une à Alger et je me suis précipitée sur mon appareil de photos.
 Ces tenues traditionnelles sont remplacées par d’autres venues d’ailleurs : hidjab, djilbab, nikab parfois.
 Dans l’immeuble de Zina, le 1er jour, sur le palier, j’ai vu cette petite voisine encore enfant en djilbab…pour traverser la rue. Elle venait d’en face retrouver ses amies.
 
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Le seul haïk blanc rencontré à Alger en mars 2014. Une vieille femme qui courait à la banque.
Zina pose avec cette femme en haïk blanc sur la place ex du Gouvernement, la "Place du Cheval" d'où le cheval et son cavalier ont disparu.

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  La seule mlaya que j'ai rencontrée à Constantine.
 Sur la photo prise dans la rue ex- Nationale de Constantine, on peut constater la multiplicité des costumes féminins, 3 au moins sur cette photo.

 Les manifestations des journées de la mlaya et du haïk ne signifient pas que ces jeunes femmes engagées désirent porter à nouveau mlaya et haïk, vêtements peu pratiques pour la femme moderne qui conduit le plus souvent. L'essence n'est pas chère. 
Les familles de la petite bourgeoisie ont souvent plusieurs autos. Et partout des embouteillages !
Ces manifestantes revendiquent un patrimoine au nom d'une identité algérienne qui reste à définir et rejettent les tenues féminines venues de l'étranger ( Iran, Afghanistan, Arabie Saoudite etc...) sous la pression des "frères". Elles refusent hijab et nikab au nom d'un haïk qu'elles ne porteront pas.
Cette quête d'identité se manifeste dans bien d'autres domaines dont je parlerai.


Haik blanc kasbah 
    Photo prise par Claude Pernice à la Kasbah lors de son retour en Algérie en Août 2010.

Par contre le hidjab est très répandu. Le marché florissant du hidjab compterait près de 22 millions de clientes et serait dominé par les Jordaniens. Au hasard de la rue  où se pressaient les élégantes devant la vitrine du magasin de mode "Nour" ("Lumière"), j'ai capté le sourire radieux de ces 3 magnifiques jeunes filles que je remercie.
Cette boutique a remplacé la pharmacie du 8 rue d'Isly à Alger où travaillaient Jacques et Messaoud, le père de Zina.
Les femmes sont voilées pour la plupart, même si le hijab paraît souvent un accessoire de coquetterie au même titre que le foulard d'Hermès qui couvrait la chevelure des élégantes des années 1950 dans ces mêmes rues. Il n'est pas uniforme, surtout à Alger, rarement noir comme il y a 10 ans ou blanc, souvent chatoyant, coloré, selon le goût de chacune et, selon la mode, assorti au reste de leurs tenues.
 A Constantine comme à Alger, j'ai été frappée par le nombre de boutiques de mode et de mercerie et, à Constantine, par le nombre de vendeurs ambulants installés 
sur les trottoirs dans la plus totale anarchie avec vêtements, petite mercerie et bonneterie.
 

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A Alger, au hasard des rues, trois charmantes jeunes élégantes, tête couverte d'un hijab, "voilées" ont accepté de poser  avec Zina. Je les remercie.

 

  DOCUMENTS trouvés sur internet:

 

"Journée de la mlaya à Constantine"


 

  le Lun 18 Nov 2013 (documents trouvés sur internet)


CONSTANTINE - Une vingtaine de jeunes filles a défilé, samedi dans l’après-midi à Constantine, depuis la maison de la culture Mohamed-Laïd Al Khalifa jusqu’au jardin Bennacer, vêtues de la légendaire m’laya constantinoise pour faire honneur à une journée baptisée "la journée de la m’laya".
Gracieuses et élancées, le port altier, les jeunes filles en m’laya (un ample voile noir dont l’histoire serait liée au destin tragique de Salah-Bey) distribuaient aux passants, gagnés par une grande curiosité, des brochures relatant l’histoire de ce voile, accompagnés de "Djouzia", une friandise très appréciée faisant la réputation du Rocher, avant de prendre des photos-souvenir au jardin Bennacer.
"C’est en hommage à nos grands-mères qu’on a organisé ce défilé", a déclaré à l’APS Houda Aimeur, initiatrice de l’idée, étudiante en master-management, Il est très important, pour elle, de "renouer avec des traditions faisant partie de notre identité".

L’idée d’organiser une journée de la m’laya est partie d’une suggestion lancée via les réseaux sociaux, a affirmé Mlle Aimeur, affirmant que jusqu’à la derrière minute, "(elle) ne pensait pas que l’idée susciterait autant d’engouement".
Auparavant, les participantes s’étaient lancées dans une véritable "course contre la montre pour dénicher ce voile traditionnel qui a fini par disparaître, ou presque, au fil des années, n’étant plus porté que par quelques femmes d’âge mûr", a ajouté Mlle Aimeur.
Dans le hall de la maison de la culture Mohamed-Laïd Al Khalifa, Mme Karima B, une quinquagénaire a été aperçue, initiant les jeunes filles à la façon de se vêtir de la m’laya. "Après avoir serré la partie supérieure autour de la tête, on balance d’un mouvement bref du bras, appelé ‘ramia’, l’aile droite puis l’aile gauche derrière l’épaule en les maintenant avec deux épingles", explique-t-elle, joignant le geste à la parole, à de jeunes demoiselles tout ouïe.



Sétif est aussi une ville de mlaya , traditionnellement


 



 A Alger défilé de jeunes femmes en haïk  blanc pour préserver la tradition.


Sur les escaliers de la grande poste, sûrement. Une croix gammée sur un pilône ?

le 22 mars 2013 - 21:09

Portant haut la couleur immaculée du Haïk, riche en symboles et parfaite antithèse du noir obscur du wahhabisme, ces ambassadrices d’un vêtement qui n’est plus guère porté que par quelques femmes âgées, appartiennent à une nouvelle génération désireuse de défendre la richesse du patrimoine algérien contre des influences venues d’ailleurs, notamment d’Arabie saoudite.

Tout de blanc vêtues, leurs visages à moitié dissimulés sous un petit triangle de dentelle brodé avec soin, des silhouettes aériennes de femmes algériennes ont battu le pavé d’Alger la blanche, jeudi dernier, afin de promouvoir une tenue traditionnelle tombée en désuétude, aux cris de « Vive l'Algérie algérienne".

Une trentaine de jeunes femmes ainsi parées ont défilé, sous les encouragements et même les applaudissements de leurs concitoyens, du cœur de la Casbah jusqu’à la Grande Poste de la capitale, où elles se sont dévoilées, le sourire aux lèvres, visiblement heureuses de l'accueil chaleureux qui leur a été réservé.

"Nous voulons balayer ces vêtements qui nous viennent d'Arabie saoudite, noirs, tristes et étouffants au soleil pour revenir à notre traditionnel 'Haïk' qui fait la fierté de la femme algérienne", s’est exclamée l'une d'elles, devant la Grande Poste.

Pour Souad, une artiste-peintre d’une trentaine d’années, qui va tête nue dans sa vie quotidienne, préserver les valeurs algériennes est un devoir et une responsabilité : "Vive l'Algérie algérienne, ça fait partie de notre culture, la chose noire, ça nous est totalement étranger", affirme-t-elle, ajoutant : "Le Hijab et le Niqab ne font pas partie de nos traditions", "le Haïk met en valeur la femme d'aujourd'hui, tout en légèreté et élégance".

Du haut de ses 20 printemps, Rim, employée dans un site culturel, le visage masqué par le 'Aadjar' (le petit triangle) en soie brodé main par la grand-mère d'une amie, déplore les métamorphoses intervenues dans les années 90 : "c'est malheureux d'avoir imposé depuis les années 90 le hijab qui ne fait pas partie de nos traditions", renchérissant : "Certes, reconnaît-elle, le Haïk est d'origine turque, mais il nous accompagne depuis des siècles".

Les jeunes Algériennes, après avoir été cheveux au vent, ont majoritairement arboré le voile sous la pression des islamistes durant la « décennie noire ». En l’espace de vingt ans, le voile a pris des couleurs et de nouvelles formes, devenant un phénomène de mode, nombre de jeunes femmes, soucieuses de leur apparence, poussant même la coquetterie jusqu’à oser un maquillage voyant sous la parure censée ne pas attirer les regards."

Fin des documents.

 Les photos où j'apparais vêtue du jilbab entre Fahima et sa fille vêtues de même resteront privées. Une seule en miniature est publiée sur ce site.
Le 23 mars 2014 j'ai osé le "jilbab"Je suis au centre.
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  Je respecte les convictions dans un pays  qui n’est plus le mien et où l’Islam est religion d'Etat (cf la constitution algérienne de 1963) et je le prouve ainsi, mais le jilbab (à distinguer du hidjab) me choque dans notre France laïque où cette tenue (seuls les mains et le visage sont découverts) n’a pas sa place, sans parler de la burka qui dissimule tout, y compris les mains et le visage.
 
 
Fahima , Asma et Claude en jilbab. Cette tenue venue d'ailleurs (Arabie saoudite) est apparue en Algérie dans les années 1990, mais n'est pas très répandue. Fahima, " la voisine d'en dessous" généreuse et pure, experte en cuisine et en "mhadjebs" et qui m'a tant gâtée ! Et Asma, sa fille, 21 ans, étudiante en biologie qui se rend à l'université dans cette tenue. Promise depuis l'enfance, fidèle à la tradition, elle se marie en Septembre avec un commerçant.

  
 Djamila, "une cousine", qui nous accompagnait vers Ouled Djellal était toujours ainsi vêtue de noir avec une sorte de béguin bordé de festons en fil d'argent comme une duègne espagnole sous Philippe IV.
Ici dans le hall de l'El Caïd à Bou Saada. Elle tenait à sa photo avec le groom " pour les copines" a-telle dit.

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"A la mémoire du haïk" 29 Mars 2014 à l'opéra d'Alger

Zina m'informe que le 29 mars, juste après mon départ, un spectacle magnifique de chants et de danses et reconstitution de scènes traditionnelles algériennes ( le henné de la mariée par exemple) a été donné à l'Opéra d'Alger Intitulé " A la mémoire du haïk", il est destiné à faire mieux connaître ce patrimoine algérien aux jeunes générations en quête d'identité.
  
 
  En quête d'identité : Orient? Occident?
Partout et n'importe où des boutiques de « fringues » surtout féminines ! A Constantine comme à Alger, j'ai été frappée par le nombre de boutiques de mode et de mercerie.
  
   
A l'angle de la rue ex Caraman, maintenant rue Didouche Mourad, la cohue et les embouteillages dans le centre de Constantine. ( cliché  transmis par Mr J. Nakache plus ancien que le mien ci-dessous )

 
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  Et aujourd'hui (mars 2014) .  Dubai Shopping a remplacé l'ex brasserie Alex. Dubai est de tous les commerces. je l'ai constaté aussi au marché de kouba, banlieue populaire d'Alger.

ORIENT ?  A Constantine, Dubai shopping  dans une ancienne brasserie de la rue Caraman, la brasserie Alex, je crois ( ex Grand café Germain). Cette brasserie était fréquentée, le samedi et le dimanche, par la jeunesse juive essentiellement.
 

OCCIDENT ? A Alger, magasin de mode à l'enseigne " Nour": "Lumière" dans l'ancienne pharmacie 8 rue d'Isly .

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Le propriétaire, Zina  et  Marwa. 
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Les vêtements de cette boutique sont  occidentaux et les étiquettes rédigées en français : redingotes, doudounes, manteaux etc...

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Elégante heureuse de ses achats ! le V de victoire de ses doigts indique au moins qu'elle a déniché ce qu'elle convoitait. Ou alors victoire de la femme sur l'obscurantisme ? Ne faisons pas de ce geste un symbole trop chargé de sens !

 

Panem et...vestem ! 
 

 Partout et n'importe où des boutiques de "fringues"surtout féminines ! Elles ont remplacé ici une brasserie, là une pharmacie. Qui déverse tout cela sur l'Algérie ? Et cette  débauche de couleurs, certes dans le goût oriental, n'est-elle pas aussi une revanche sur la "décennie  noire" ?

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A Alger près de la rue ex d'Isly.

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A Constantine. Près de la rue ex Nationale. Sur les trottoirs.

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  Dans les escaliers près de l'ex rue Nationale.

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Pour les hommes aussi  à même les trottoirs de la vieille ville vue du Pont de Sidi Rached à Constantine.

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  Constantine. Devant l'ascenseur passerelle Perrégaux. Jolie présentation de hidjabs.

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Constantine. Rue ex Nationale.

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Constantine. Rue ex- Casanova, encore connue sous ce nom.
   
 A Alger au Telemly, à travers la vitrine et depuis l'auto en marche, j'ai aperçu de  très belles robes brodées d'or.
  
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Sur la route vers Biskra et le désert, le long d'un trottoir. Juste derrière on aperçoit une mosquée.

Zina, Marwa et moi n'avions pas la tête couverte dans les rues d'Alger. Zina et moi avons même, à Constantine, pris un thé à la menthe dans un café maure où il n'y avait que des hommes et cela semble n'avoir choqué personne.
 L'Algérie n'est ni l'Iran ni l'Arabie Saoudite !


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Nous nous sommes seulement couvert la tête d'un foulard quand nous avons voulu entrer dans la grande mosquée de Constantine et ce geste de respect a amusé notre sympathique jeune chauffeur Walid.

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 La mosquée est très impressionnante !
  

  

 
      













 



 

  
 

 




 

Commentaires

  • Georges Attali de Constantine.
    • 1. Georges Attali de Constantine. Le 25/08/2019
    Bonsoir.

    Merci pour ce bel article,

    En effet, le Haïk et la M'laya font parti de ce qui a constitue notre Algérie natale et de laquelle nous sommes profondément nostalgiques. J'ai encore en tete le souvenir des amies musulmanes de ma mère qui venaient chez - nous enveloppées de ces jolis voiles. Elles étaient resplendissantes. Qu'est-ce que j'aurais aimé revoir tata Zakia et Tata Louiza ...

    Cependant, je dois vous signaler qu'une des photos que vous avez publiée n’apparaît plus. Serait possible que vous la remettiez ? C'est quelque peu frustrant et embêtant de ne pas pouvoir la voir.

    Je trouve que votre est génial.

    Salutation distinguées de la part d'un Constantinois Pied-noir exilé.

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